Voici l'heure où le pré, les arbres et les fleurs Dans l'air dolent et doux soupirent leurs odeurs. Les baies du lierre obscur où l'ombre se recueille Sentant venir le soir se couchent dans leurs feuilles, 5 Le jet d'eau du jardin, qui monte et redescend, Fait dans le bassin clair son bruit rafraîchissant; La paisible maison respire au jour qui baisse, Les petits orangers fleurissant dans leurs caisses. Le feuillage qui boit les vapeurs de l'étang 10 Lassé des feux du jour s'apaise et se détend. - Peu à peu la maison entr'ouvre ses fenêtres Où tout le soir vivant et parfumé pénètre, Et comme elle, penché sur l'horizon, mon cœur S'emplit d'ombre, de paix, de rêve et de fraîcheur... Anna de Noailles, Le Coeur innombrable, 1901. Comprendre 1. Quelle impression générale se dégage de ce poème : tristesse, joie, mélancolie, apaisement, excitation, malaise, bien-être ? Justifie ton choix en citant des mots du poème. 2. À quel moment de la journée et en quel lieu sommes-nous ? 3. Le jardin et la maison paraissent-ils sans vie ou ani- més? Aide-toi du sens des verbes pour répondre. 4. Quel sens est le plus présent dans ce poème ? Relève le vocabulaire qui l'évoque. 5. Quel est le sujet de la dernière strophe ? Pourquoi peut-on dire que la poétesse vit en harmonie avec la nature? N