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Bonjour, j’ai besoin d’un commentaire sur ce texte


Texte n°4: Louise Michel, Mémoires (1886), IX [Le vieil arbre social]
J'ai vu là-bas, dans les forêts calédoniennes, s'effondrer tout à coup, avec un craquement doux
de tronc pourri, de vieux niaoulis qui avaient vécu
leur quasi éternité d'arbres. Quand le
tourbillon de poussière a disparu, il ne reste plus
qu'un amas de cendre sur lequel, pareils à des
couronnes de cimetière, gisent des branchages
verts: les dernières pousses du vieil arbre,
entraînées par le reste. Les myriades d'insectes qui se
multipliaient la depuis des siècles sont
ensevelis dans l'effondrement. Quelques-
uns, remuant péniblement la cendre, regardent,
étonnés, inquiets, le jour qui les tue, leurs espèces
nées dans l'ombre ne soutiendront pas la
lumière.
Ainsi, nous habitons le vieil arbre social, que l'on s'entête à croire bien vivant, tandis que le
moindre souffle l'anéantira et en dispersera les cendres.
Nul être n'échappe aux transformations qui, au bout de quelques années, l'ont changé jusqu'à
la dernière parcelle. Puis vient la Révolution qui secoue tout cela dans ses tempêtes
C'est là que nous en sommes ! Les êtres, les races et, dans les races, ces deux parties de
l'humanité: l'homme et la femme, qui devraient marcher
la main dans la main et dont
l'antagonisme durera tant que la plus forte commandera ou croira commander
à l'autre, réduite
aux ruses, à la domination occulte qui sont les armes des esclaves. Partout
la lutte est engagée
Si l'égalité entre les deux sexes était reconnue, ce serait une fameuse brèche dans la bêtise
humaine.
En attendant, la femme est toujours, comme le disait le vieux Molière, le potage de l'homme.
Le sexe fort descend jusqu'à flatter l'autre en le qualifiant de beau sexe.
Il y a fichtre longtemps que nous avons fait justice de cette force-là, et nous sommes pas mal
Vous
de révoltées, prenant tout simplement notre place à la lutte, sans la
demander.
parlementeriez jusqu'à la fin du monde !
Pour ma part, camarades, je n'ai pas voulu être le potage de l'homme, et je m'en suis allée à
travers la vie, avec la vile multitude, sans donner d'esclaves aux Césars. [...]
Soyez tranquilles il y en a encore pour longtemps. Mais ce n'est toujours pas vous qui arrêterez
le raz de marée ni qui empêcherez les idées de flotter, pareilles à des bannières, devant les
foules. Jamais je n'ai compris qu'il y eût un sexe pour lequel on cherchât à atrophier
l'intelligence comme s'il y en avait trop dans la race. Les filles, élevées dans la niaiserie, sont
désarmées tout exprès pour être mieux trompées : c'est cela qu'on veut
C'est absolument comme si on vous jetait à l'eau après vous avoir défendu d'apprendre à nager,
ou même lié les membres. Sous prétexte de conserver l'innocence d'une jeune fille, on la laisse
rêver, dans une ignorance profonde, à des choses qui ne lui feraient nulle impression, si elles
lui étaient connue par de simples questions de botanique ou d'histoire naturelle. [...]
Quelquefois les agneaux se changent en lionnes, en tigresses, en pieuvres.
C'est bien fait ! Il ne fallait pas séparer la caste des femmes de l'humanité. Est-ce qu'il n'y a
pas des marchés où l'on vend, dans la rue, aux étalages des trottoirs, les belles filles du peuple,
tandis que les filles des riches sont vendues pour leur dot?
Esclave est le prolétaire, esclave entre tous est la femme du prolétaire.

Sagot :

Réponse:

Ce texte, extrait des Mémoires de Louise Michel, aborde la métaphore de l'arbre social pour décrire la société. L'auteure évoque la chute des vieux niaoulis dans les forêts calédoniennes, symbolisant la fin d'un cycle de vie. Elle souligne que tout être vivant est soumis aux transformations de la Révolution, qui secoue les fondements de la société. Louise Michel met en évidence l'antagonisme entre les hommes et les femmes, dénonçant l'oppression subie par les femmes et l'inégalité des sexes. Elle critique également l'éducation des filles, qui les maintient dans l'ignorance et les rend vulnérables. L'auteure conclut en affirmant que les idées ne pourront pas être arrêtées et que les femmes se lèveront pour revendiquer leur place dans la lutte.

Ce texte de Louise Michel évoque de manière poétique la chute d'un vieil arbre dans les forêts calédoniennes et la comparaison avec la société. Elle décrit comment les dernières pousses de l'arbre sont emportées avec lui, tout comme les myriades d'insectes qui y vivaient. Elle fait un parallèle avec la société humaine, soulignant que nous habitons un "vieil arbre social" qui semble bien vivant mais qui peut être anéanti par le moindre souffle, dispersant ses cendres. Michel met en lumière la fragilité de la société et la nécessité des transformations révolutionnaires pour secouer les structures établies.
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