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4e3 DEVOIR MAISON
<< LA VILLE, LIEU DE TOUS LES POSSIBLES? >>
Nous arrivâmes à Paris, le soir. Partout ailleurs il eût été tard'. Il pleuvait ; il faisait
froid. Je n'aperçus d'abord que des rues boueuses, des pavés mouillés, luisants sous le
feu des boutiques, le rapide et continuel éclair de voitures qui se croisaient en
s'éclaboussant, une multitude de lumières étincelant comme des illuminations sans
5 symétrie dans de longues avenues de maisons noires dont la hauteur me parut
prodigieuse. Je fus frappé, je m'en souviens, des odeurs de gaz qui annonçaient une ville
où l'on vivait la nuit autant que le jour², et de la pâleur des visages qui m'aurait fait croire
qu'on s'y portait mal³. J'y reconnus le teint d'Olivier, et je compris mieux qu'il avait une
autre origine que moi. Au moment où j'ouvrais ma fenêtre pour entendre plus
distinctement la rumeur inconnue qui grondait au-dessus de cette ville si vivante en bas
et déjà par ses sommets tout entière plongée dans la nuit, je vis passer au-dessous d
moi, dans la rue étroite, une double file de cavaliers portant des torches, et escortant un
suite de voitures aux lanternes flamboyantes attelées chacune de quatre chevaux
menées presque au galop. «< Regarde vite, me dit Olivier, c'est le roi.»> Confusément je v
miroiter des casques et des lames de sabre. Ce défilé retentissant d'hommes armés et c
grands chevaux chaussés de fer fit rendre au pavé sonore un bruit de métal, et tout
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confondit au loin dans le brouillard lumineux des torches.
Olivier s'assura de la direction que prenaient les attelages; puis, quand la derniè
voiture eut disparu : « C'est bien cela, dit-il avec la satisfaction d'un homme qui conn
20 bien son Paris et qui le retrouve : le roi va ce soir aux Italiens'. » Et malgré la pluie
tombait, malgré le froid blessant de la nuit, quelque temps encore il resta penché sur ce
fourmilière de gens inconnus qui passaient vite, se renouvelaient sans cesse, et
que m
intérêts pressants semblaient tous diriger vers des buts contraires. << Es-tu
content? >>
dis-je. Il poussa une sorte de soupir de plénitude, comme si
le contact de cette
extraordinaire l'eûtⓇ tout à coup rempli d'aspirations démesurées.
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Eugène FROMENTIN, Dominique, 12
QUESTIONS :
1)« dans de longues avenues » (1. 5). Qu'est-ce qu'une avenue?
2) Quel aspect de l'architecture et quel bruit impressionnent le narrateur, lignes 5 à 11 ?
3) « dans la rue étroite » (I. 12): donnez deux noms vus en classe qui désignent une petite ru
4) Pourquoi l'apparition du roi est-elle particulièrement impressionnante?
5) << une suite de voitures aux lanternes flamboyantes attelées chacune de quatre chevaux »
lignes 12 à13. Justifiez l'accord du participe passé « attelées >>.
6) Donnez deux exemples qui prouvent qu'Olivier connaît déjà bien Paris.
7) Dans quel roman d'Émile Zola un personnage se fait-il des illusions sur Paris?
8) Qu'est-ce qu'une satire ?
9) «< cette fourmilière de gens inconnus qui passaient vite, se renouvelaient sans cesse, et c
mille intérêts pressants semblaient tous diriger vers des buts contraires » (I. 21-23).
Pourquoi peut-on dire que cette description est une satire des Parisiens
?
10) Le narrateur et Olivier ont-ils le même état d'esprit et la même impression générale sur F
1 Il aurait été tard.
2 L'éclairage public fonctionnait alors au gaz; l'électricité le remplaça en 1880.
3 Les paysans ont le teint hålé par le soleil à cause du travail des champs, contrairement aux citadins.
4 Olivier est né à Paris, alors que Dominique est un provincial monté à Paris.