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Unité 6
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Dossier 6 - Lire et résumer un texte
Le piège
Sur le plateau se dressait la Crête-à-Pierrot, entourée de fossés, ap-
puyée par une redoute' appelée Trianon
. En bas, la troupe française du
général Debelle campait dans la
vallée de l'Artibonite.
La bataille commença le matin, par une fusillade qui stoppa les avant-
5 gardes du général Debelle. Moutier,
le colonel français, ordonna à ses
soldats de se mettre en éventail,
tandis qu'un messager courait avertir le
général blanc qu'enfin le contact était
établi avec l'ennemi. À cette nou-
velle, Debelle s'exclama: "Bravo!
En avant I" Alors, le gros de la troupe
se précipita à son tour, le général en
tête, sabre au clair.
La vallée tout entière résonnait maintenant du bruit des détonations.
Les Noirs résistaient... Quand la pression fut trop
forte, Séraphin, leur
chef, ordonna la retraite. Les Noirs
couraient sur les rochers, se retour-
nant parfois pour lâcher un dernier coup
de feu. Les soldats du général
blanc, eux, ne tiraient pas, trop occupés
à courir le plus vite possible pour
15 rattraper ces Noirs insaisissables enfin
à portée de leurs mains.
Quand Moutier, le colonel blanc, vit le fort se dresser devant lui, un
pressentiment lui serra le cœur, mais Debelle
précipita la ruée... Le gé-
néral blanc se croyait déjà maître de
la Crête-à-Pierrot.
Sur le parapet de la redoute' Trianon, se tenait le célèbre Dessalines.
20 Il ne portait plus son uniforme doré sur toutes
les coutures et son tricornes
brillant, mais un simple gilet écarlate,
un pantalon déchiré enfoncé dans
de vieilles bottes. Son chapeau rond, crasseux
, était percé d'une balle. Un
sourire triomphant éclairait son visage couturé
de cicatrices.
Soudain, les deux ou trois cents Noirs conduits par Séraphin sem-
25 blèrent s'évanouir sous la terre. Ils s'étaient
précipités d'un même élan
dans les fossés de la redoute. À ce
moment, Dessalines hurla : "Feu !"
Paw!!
Paw!!
1 Redoute: petite fortifi-
cation isolée, entourée
d'un fossé.
2 Avant-garde: troupe qui
marche en avant pour
explorer et connaître
les positions ennemies.
Ici, les soldats qui com-
posent cette troupe.
3 Pressentiment: impres-
sion avant que la chose
n'arrive.
4 Parapet: mur en bor-
dure d'une fortification,
qui sert à protéger les
combattants.
5 Tricorne
chapeau en
triangle qui a trois
pointes ("comes")
BOUMM!!
BOUNA!!
Paw!!
Paw!!
Alors, une épouvantable décharge jaillit du fort. Dix canons grondèrent
en même temps, crachant une terrible mitraille. Abattus à bout portant,
près de quatre cents soldats français s'écroulèrent. Des cris de douleur
30 et de rage s'élevaient de partout. Profitant de la confusion, les hommes
de Séraphin avaient grimpé sur le pont-levis qui, maintenant, se relevait.
Penchés sur les murailles, les Noirs riaient, heureux de leur ruse et de
sa réussite. Dessalines riait avec eux.
D'après Bertrand SOLET, Les Révoltés de Saint-Domingue, Flammarion jeunesse.
(Faire le résumé)