apparaitre. haton hanacepodes dents dore bottes. Une poignée d'hommes. Je les regarde passer voit à peine la couleur de leur uniforme. Juste de la bor et sur les vêtements. Des barbes de trois jours. Le regar ont pas vus. Aucun ne nous a salués. Aucun ne nous main ou du regard. Des ombres. Sales et courbées. [. J'ai entendu le soldat Dermoncourt, dans mon dot :« Pas beaux à voir ceux-là. » Et c'est vrai qu'ils chevaliers disparus. Mal rasés, débraillés, avec la crasse qui qui leur tiraille l'estomac. On aurait dit une armée en ret sept à dix hommes est passé. Le grand processus de commencer. Pauvres hommes. lIs ne ressemblent plus à rien, plus force dans le corps. Juste la démarche mécanique des chevaux hommes qui se sont battus et ont perdu. Car même s'ils vivent encore perdu, et à les voir ainsi passer devant nous sans nous remarquer, je me deman retrouveront jamais l'usage de la parole. Nous avons encore attendu, Et un de groupe d'une vingtaine d'hommes est passé, Les mêmes visages hirsul vagabonds armés. Les mêmes démarches traînantes et courbées de chiens m Ils ont continué leur marche chaotique et je m'attendais à tout instant à voir V s'effondrer et mourir d'épuisement, là, à nos pieds, dans l'indiftérence de marcheurs têtus. Mais ils ont tenu et leurs longues silhouettes ont à nouvea dans la nuit. [...] C'est cela la vieille garde", Une toute petite poignke exsangues", sans souffle, sans regard, avec la force juste de marcher, la for s'éloigner le plus possible de ce front. La vieille garde défile sous nos yeux pas leurs visages mais je peux les compter. Ils sont si peu. Je comprends a que Dermoncourt a tort de dire qu'ils ne sont pas beaux à voir. Il a te qu'il n'aimerait pas leur ressembler. Je comprends maintenant ce qu'il fa tout son cœur, c'est être un jour comme eux. Pouvoir comme eux, mé sales, même vagabonds et blessés, quitter le front. C'est tout ce qu'il res -+ nous aurons de la chance si nous aussi. un iour. on yient no ma7 de vie dans nos muccles pour noue loyer et . aurent 62La nuit tombe. Il commence à faire froid. Les premiers ne tardent pas à apparaître. Une grappe d'hommes épuisés qui marchent lentement. La tête basse. Sans parler. Ils trébuchent souvent car ils sont trop fatigués pour ne pas laisser traîner leurs bottes. Une poignée d'hommes. Je les regarde passer. On dirait un peuple de boue. On voit à peine la couleur de leur uniforme. Juste de la boue séchée, partout. Sur le visage et sur les vêtements. Des barbes de trois jours. Le regard vide. Je crois qu'ils ne nous ont pas vus. Aucun ne nous a salués. Aucun ne nous a même adressé un signe de la main ou du regard. Des ombres. Sales et courbées. [...] J'ai entendu le soldat Dermoncourt, dans mon dos, qui murmurait entre ses dents : « Pas beaux à voir ceux-là. » Et c'est vrai qu'ils étaient hideux. Ecuyers fatigués de chevaliers disparus. Mal rasés, débraillés, avec la crasse qui colle à la joue et la faim qui leur tiraille l'estomac. On aurait dit une armée en retraite. Un seul groupe de sept à dix hommes est passé. Le grand processus de la relève ne faisait que commencer. Pauvres hommes. Ils ne ressemblent plus à rien. Plus de regard, plus de force dans le corps. Juste la démarche mécanique des chevaux de trait'. Pauvres hommes qui se sont battus et ont perdu. Car même s'ils vivent encore, ceux-là ont perdu, et à les voir ainsi passer devant nous sans nous remarquer, je me demande s'ils retrouveront jamais l'usage de la parole. Nous avons encore attendu. Et un deuxième groupe d'une vingtaine d'hommes est passé. Les mêmes visages hirsutes? de vagabonds armés. Les mêmes démarches traînantes et courbées de chiens malades. Ils ont continué leur marche chaotique et je m'attendais à tout instant à voir l'un d'eux s'effondrer et mourir d'épuisement, là, à nos pieds, dans l'indifférence des autres marcheurs têtus. Mais ils ont tenu et leurs lonques silhouettes ont à nouveau disparu dans la nuit. [...] C'est cela la vieille garde. Une toute petite poignée d'hommes exsangues*, sans souffle, sans regard, avec la force juste de marcher, la force juste de s'éloigner le plus possible de ce front. La vieille garde défile sous nos yeux. Je ne vois pas leurs visages mais je peux les compter. Ils sont si peu. Je comprends maintenant que Dermoncourt a tort de dire qu'ils ne sont pas beaux à voir. Il a tort de penser qu'il n'aimerait pas leur ressembler. Je comprends maintenant ce qu'il faut vouloir, de tout son cœur, c'est être un jour comme eux. Pouvoir comme eux, même épuisés et sales, même vagabonds et blessés, quitter le front. C'est tout ce qu'il reste de la vieille garde et nous aurons de la chance si nous aussi, un jour, on vient nous relever et si nous avons encore assez de vie dans nos muscles pour nous lever et marcher jusqu'à la gare. Laurent Gaudé, Cris, 2001.
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