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La grande sœur
J'ai souvent caressé dans mon âme ravie
Le rêve consolant d'une amitié de sœur,
Qui, comme un flot de miel s'épanchant sur ma vie,
M'eût sans cesse baigné de sa tiède douceur.
Je n'aurais point cherché dans ma sœur idéale
La beauté du dehors, qui ne dure qu'un temps;
Je n'aurais point cherché la science inégale
Qui fait paraitre habile aux regards des pédants.
Pourvu que la bonté se lût sur son visage;
Qu'on se sentit meilleur rien qu'à la contempler:
Que sa voix au moins fort inspirât du courage
Et connût tous les mots qui savent consoler;
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Que son sourire émût comme un lever d'aurore,
Vite, j'inclinerais mon front vers ses genoux,
Et mon cœur se fondrait en un chant si sonore
Que les anges au ciel s'en montreraient jaloux !...
Avec quel noble orgueil et quels élans sublimes
Je lui mettrais à nu mon âme et ses secrets !
Tout mon trésor d'espoirs et de rêves intimes,
Mes luttes, mes douleurs, je les lui confierais !
Je vivrais doublement, car je vivrais en elle!
Comme un ramier qu'au nid la peur fait s'enfoncer,
Je blottirais craintif ma tête sous son aile,
Et nous verrions au loin les nuages passer !