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Bonjour je dois faire un commentaire de texte sur cette extrait pouvez-vous m’aider svp je n’y arrive pas

Khady évitait de se montrer dans la cour car elle redoutait encore
les paroles sarcastiques sur la nullité, l’absurdité de son existence de veuve sans biens, ni enfants, et quand elle était obligée de s’y tenir pour éplucher les légumes ou préparer le poisson elle se rencognait si bien, ne laissant dépasser de sa mince silhouette accroupie dans son pagne, resserrée sur elle-même, que ses doigts rapides et, de son visage baissé, les hauts méplats de ses joues, qu’on cessait vite de lui prêter attention, qu’on l’oubliait, comme si ce bloc de silence et de désaffection ne valait plus l’effort d’une apostrophe, d’un quolibet.
Sans cesser de travailler elle glissait dans un état de stupeur mentale qui l’empêchait de comprendre ce qui se disait autour d’elle.
Elle se sentait alors presque bien.
Elle avait alors l’impression de dormir d’un sommeil blanc, léger, dépourvu de joie comme d’angoisse.
Tôt chaque matin elle quittait la maison en compagnie de ses deux belles-sœurs, toutes trois portant sur leur tête les bassines en plastique de tailles diverses qu’elles vendraient au marché .
Elles retrouvaient là leur emplacement habituel.
Khady s’accroupissait un peu à l’écart des deux autres qui feignaient ,elles, de ne pas s’apercevoir de sa présence, et elle demeurait ainsi des heures durant, répondant par trois ou quatre doigts levés quand on s’enquérait du prix des bassines, immobile dans la bruyante animation du marché qui ,en l’étourdissant vaguement, l’aidait à retrouver cette sensation de torpeur parcourue de songeries laiteuses, inoffensives, plaisantes, pareils à de longs voiles agités par le vent sur lesquels apparaissaient de temps en temps le visage flou de son mari qui lui souriait d’un éternel et charitable sourire ou, moins souvent, celui de l’aïeule qui l’avait élevée et protégée et qui avait su reconnaitre, bien qu’elle l’eut traitée avec rudesse, qu’elle était une petite fille particulière nantie de ses propres attributs et non une enfant parmi d’autres. De telle sorte qu’elle avait toujours eu conscience d’être unique en tant que personne et, d’une certaine façon indémontrable mais non contestable, qu’on ne pouvait la remplacer, elle Khady Demba, exactement, quand bien même ses
parents n’avaient pas voulu d’elle auprès d’eux et de sa grand-mère ne l’avait recueillie que par obligation-quand bien même
Nul être sur terre n’avait besoin ni envie qu’elle fût là.
Elle avait été satisfaite d’être Khady, il n’y avait nul interstice dubitatif entre elle et l’implacable réalité du personnage de Khady Demba.
Il lui était même arrivé de se sentir fière d’être Khady car avait-elle songé souvent avec éblouissement, les enfants dont la vie semblait joyeuse, qui mangeaient chaque jour leur bonne part de poulet ou de poisson et qui portaient à l’école des vêtements sans tâches ni déchirures, ces enfants-là n’étaient pas plus humain que Khady Demba qui n’avait pourtant, elle, qu’une infime portion de bonne vie.
A présent encore c’était quelque chose dont elle ne doutait pas qu’elle était invisible et précieuse, et qu’elle ne pouvait être qu’elle- même.

Sagot :

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