SUJET
La musique a ceci de commun avec la poésie et l'amour, et même avec le devoir : elle n'est pas
faite pour qu'on en parle, elle est faite pour qu'on en fasse ; elle n'est pas faite pour être dite,
mais pour être jouée »... Non, la musique n'a pas été inventée pour qu'on parle de musique !
N'est-ce pas la définition même du Bien ? Le Bien est fait pour être
fait, non pas pour être dit
s ou connu; et de même le mal est une manière de commettre l'acte plutôt qu'une chose sue
[...]. Le poète parle, mais ce ne sont pas des paroles pour dire, comme les paroles du Code
civil: ce sont des paroles pour suggérer ou captiver, des paroles de charme; la poésie est faite,
immédiatement, pour faire le poème, et la poétique pour réfléchir sur la poésie. La même dif-
férence sépare en musique le créateur et le théoricien. On parle trop, aujourd'hui, pour avoir
10 musicalement quelque chose à dire !
Vladimir JANKELEVITCH, La Musique et l'Ineffable (1961), Éditions du Seuil, 2015, p. 101-102.
Éléments d'analyse
1. Expliquez le sens des termes suivants dans le texte : «< devoir» (1.1); « des paroles de charme »> (1. 7);
« la poétique » (l. 8).
2. Quelle différence l'auteur fait-il entre dire» et » parler >> ?
Éléments de synthèse
1. Quelle est la thèse de l'auteur ?
2. Pourquoi fait-il une analogie entre l'art et la morale ?
Commentaire
Quelle est la distinction faite par l'auteur entre « jouer de la musique » et « parler de musique » ? N'y a t-il rien
à comprendre dans la musique ? Comment apprendre à apprécier une œuvre d'art?