A le jeune homme se détache peu à peu de tout et devient indifférent au monde qui l'entoure. Ton réveil, depuis longtemps marque cinq heures et quart. Il s'est arrêté, pendant ton absence, sans doute, et tu as négligé de le remettre en marche. Dans le silence de ta chambre, le temps ne pénètre plus, il est alentour, bain permanent, encore plus présent, obsédant, que les aiguilles d'un réveil que tu pourrais ne pas regarder, et pourtant légèrement tordu, faussé, un peu suspect : le temps passe, mais tu ne sais jamais l'heure, le clocher de Saint-Roch ne distingue pas le quart ni la demie, ni les trois quarts, l'alternance des feux au croisement de rue Saint-Honoré et de la rue des Pyramides¹ n'intervient pas chaque minute, la goutte d'eau ne tombe pas chaque seconde. Il est dix heures, ou peut-être onze, car comment être sûr que tu as bien entendu, il est tard, il est tôt, le jour naît, la nuit tombe, les bruits ne cessent jamais tout à fait, le temps ne s'arrête jamais totalement, même s'il n'est plus qu'imperceptible: minuscule brèche dans le mur du silence, murmure ralenti, oublié du goutte à goutte, presque confondu avec les battements de ton cœur. Ta chambre est la plus belle des îles désertes, et Paris est un désert que nul n'a jamais traversé. Tu n'as besoin de rien d'autre que de ce calme, de ce sommeil, que de ce silence, que de cette torpeur. Que les jours commencent et que les |||