1bn On se le disait, le répétait, sans oser y croire. Les masques sont tombés. L'affaire est. entendue. La France, désormais se moque de l'Afrique. De ses fidélité passées, de ses douleurs présentes, de l'avenir de sa jeunesse. Chacun chez soi. Le Nord avec le Nord. Les gueux du Sud entre eux. Merci la Méditerranée. La mer nous protège des appels des plus pauvres. Un grand d'Afrique vient de mourir, son dernier « Vieux ». Un grammairien, c'est-à- dire un gourmand de règles sous le désordre du monde. Un poète, c'est-à-dire un chasseur d'échos secrets. Un démocrate, c'est-à-dire un respectueux de la dignité humaine. Un ministre du général de Gaulle en même temps qu'un militant indomptable de son pays. Un ami indéfectible de la France en ce qu'elle a d'universel : sa langue, celle de la liberté. Quatre-vingt-quinze années d'une telle existence, ça se salue. On se déplace, et l'on ôte son chapeau quand on porte en terre celui qui a si hautement vécu. - En bien non ! Nos autorités en ont décidé autrement. Qui avait ses vœux à préparer. Qui ses vacances à ne pas interrompre. On en envoyé à Dakar un Raymond, de Belfort, et un Charles, des Côtes-d'Armor. Leur valeur ni leur personne ne sont pas mis en cause, mais leur statut. Pas de président de la République française. Ni de premier ministre. La terre sur Léopold Sédar Senghor s'est refermée sans eux. Alors j'ai honte. Honte pour eux et pour nous, Français qu'ils représentent. Honte de leur oubli et de leur petitesse. Petitesse de vision. Croient-ils une seconde vivre en paix, de plus en plus riches, dans la Citadelle Euroland. [...] Alors j'avoue ne plus rien comprendre. Pour moi, le socialisme - auquel j'ai adhéré dès le cœur de l'adolescence était d'abord la défense des plus faibles. Donc du tiers- monde. Bonne chance, messieurs, pour les élections à venir. Les masques sont tombés. La France pour vous n'est qu'une mutuelle. Faut-il déplacer un peuple entier pour choisir le dirigeant d'une société d'assurances ? Un voyage à Dakar vous aurait appris notamment, l'étymologie. Que Senghor vient du portugais Senhor. Un monsieur, un eigneur. Comme celui qui vient de s'en aller. Je comprends que vous ayez craint son ombre. - Érik Orsenna, Le Monde, 04 janvier 2002 Questions : 1. Relevez le champ lexical dominant et dégagez le thème. (2pts) 2. Quelle est la thèse défendue par l'auteur ? (2pts) 3. Donnez 3 arguments et 3 exemples en faveur ce de cette thèse. (3pts) 4. Analysez 3 indices différents qui marquent la présence du locuteur. Et indiquez ceux du destinataire. (4pts) 5. Étudiez la valeur du pronom «on » aux lignes 1; 12; 16. (3pts) 6. Quels sentiments (2), l'auteur se fait-il de Senghor. Justifiez-vous. (4pts) 7. Dites, en 2 lignes, quel jugement l'auteur a de la France. (2pts)