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Je viens d'avoir trente-quatre ans, la moitié de la vie. Au physique, je suis de taille
moyenne, plutôt petit. J'ai des cheveux châtains coupés court afin d'éviter qu'ils
ondulent, par crainte aussi que ne se développe une calvitie menaçante. Autant que je
puisse en juger, les traits caractéristiques de ma physionomie sont : une nuque très
droite, tombant verticalement comme une muraille ou une falaise, marque classique
(si l'on en croit les astrologues) des personnes nées sous le signe du Taureau; un front
développé, plutôt bossu, aux veines temporales exagérément noueuses et saillantes.
Cette ampleur de front est en rapport (selon le dire des astrologues) avec le signe du
Bélier; et en effet je suis né un 20 avril, donc aux confins de ces deux signes: le Bélier
et le Taureau. Mes yeux sont bruns, avec le bord des paupières habituellement
enflammé; mon teint est coloré; j'ai honte d'une fâcheuse tendance aux rougeurs et à
la peau luisante. Mes mains sont maigres, assez velues, avec des veines très
dessinées; mes deux majeurs, incurvés vers le bout, doivent dénoter quelque chose
d'assez faible ou d'assez fuyant dans mon caractère.
Ma tête est plutôt grosse pour mon corps; j'ai les jambes un peu courtes par rapport à
mon torse, les épaules trop étroites relativement aux hanches. Je marche le haut du
corps incliné en avant; j'ai tendance, lorsque je suis assis, à me tenir le dos voûté; ma
poitrine n'est pas très large et je n'ai guère de muscles. J'aime à me vêtir avec le
maximum d'élégance; pourtant, à cause des défauts que je viens de relever dans ma
structure et de mes moyens qui, sans que je puisse me dire pauvre, sont plutôt limités,
je me juge d'ordinaire profondément inélégant; j'ai horreur de me voir à l'improviste
dans une glace car, faute de m'y être préparé, je me trouve à chaque fois d'une laideur
humiliante.

1.
Quelle vision de lui-même à l’auteur