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Dans une société coopérative de production, est-il juste ou non que le talent ou l'habileté donnent droit à une
rémunération plus élevée ? Ceux qui répondent négativement à la question font valoir l'argument suivant : celui
qui fait ce qu'il peut a le même mérite et ne doit pas, en toute justice, être placé dans une position d'infériorité
s'il n'y a pas de faute de sa part; les aptitudes supérieures constituent déjà des avantages plus que suffisants,
par l'admiration qu'elles excitent, par l'influence personnelle qu'elles procurent, par les sources intimes de
satisfaction qu'elles réservent. (...)
A l'inverse, les autres disent : la société reçoit davantage du travailleur dont le rendement est supérieur; des
services étant plus utiles, la société doit les rémunérer plus largement; une part plus grande dans le produit du
travail collectif est bel et bien son oeuvre; la lui refuser quand il la réclame, c'est une sorte de brigandage. S'il
doit seulement recevoir autant que les autres, on peut seulement exiger de lui, en toute justice, qu'il produise
juste autant, et qu'il ne donne qu'une quantité moindre de son temps et de ses efforts, compte tenu de son
rendement supérieur.
Qui décidera entre ces deux appels à des principes de justice divergents ? La justice, dans le cas en question,
présente deux faces entre lesquelles il est impossible d'établir une harmonie, et les deux adversaires ont choisi
les deux faces opposées; ce qui préoccupe l'un, c'est de déterminer, en toute justice, ce que l'individu doit
recevoir ; ce qui préoccupe l'autre, c'est de déterminer ce que la société doit donner. Chacun des deux, du point
de vue où il est placé, est irréfutable et le choix entre ces points de vue, pour des raisons relevant de la justice,
ne peut être qu'arbitraire. C'est l'utilité sociale seule qui permet de décider entre l'un et l'autre.
J.S. MILL, L'utilitarisme, 1861

Questions de synthèse :
1.a. Expliquez en quoi le texte tente de répondre à la question << les inégalités sont-elles toujours injustes ? »>
1.b. Sans vous servir du texte, répondez en partant du principe que la justice repose sur l'égalité.
2.a. En vous servant du concept de « d'équité », montrez la limite de la réponse 1.b.
2.b. A partir de l'opposition que fait Mill entre mérite et talent, à quel problème conduit la réponse 2.a ?
3.a Comparez ce que dit Mill 1. 13 (« La justice (...) il est impossible d'établir une harmonie ») et 1.18
(« C'est l'utilité sociale seule qui permet de décider entre l'un et l'autre >>)
3.b. Mill prétend-il pouvoir réconcilier les deux facettes de l'opposition qu'il présente ?
4. Quelles sont les étapes de l'argumentation de Mill? Expliquez leur fonction.

Définitions utiles à l'explication

Equité: Justice qui tient compte de l'existence d'inégalités. Existe sous au moins deux formes:

Justice commutative: Justice qui part du principe d'une égalité stricte entre les personnes, et qui
cherche à établir une égalité proportionnelle entre les choses qu'ils échangent ou qui leurs sont distribuées.
«Dans les échanges, il faut établir une égalité de proportion entre ce que l'on reçoit et ce que l'on donne.
La monnaie a été inventée à cette fin. La justice commutative implique donc la réciprocité >>
Thomas d'Aquin, Somme Théologique.

Justice distributive: Justice qui part du principe d'une inégalité relative entre la valeur des
personnes, et qui cherche à répartir honneur, richesse ou prestige proportionnellement à leur valeur.
«La justice distributive attribue à chacun une part du bien commun proportionnée à l'importance de
chacun à l'intérieur de la communauté »
Thomas d'Aquin, Somme Théologique.

-Utilité sociale: Au sens classique, désigne ce qui relève de l'intérêt commun, voire de l'intérêt de la société
par opposition aux intérêts individuels. Chez Millésigne ce de quoi résulte la somme de satisfaction la
plus grande. Elle ne correspond pas forcément avec la satisfaction du groupe le plus nombreux.