D.M. Contraction de texte.
Ce texte comporte 247 mots. Contractez-le au quart de sa longueur (62 mots). Une marge de
plus ou moins 10 % est autorisée.
Le point central de la pensée des Lumières, c'est la critique des tutelles extérieures et
l'affirmation de l'autonomie. Un mouvement d'émancipation, d'abord, qui implique que c'est au
sujet humain de prendre en main son destin, politique ou individuel. Ce n'est plus la tradition, ce
sont les hommes qui doivent poser la loi et l'assumer : le peuple est souverain. Tel est le sens de la
<< volonté générale », cette notion que Rousseau introduit dans le Contrat social. La volonté du
peuple est inaliénable, elle ne peut être confiée que provisoirement, et le monarque lui-même est
responsable devant le peuple.
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Ce rejet de tutelle entraîne en même temps le désenchantement du monde. L'univers tout
entier obéit aux lois de la nature, le surnaturel n'y a plus de place ailleurs que dans la foi qui
devient une affaire privée : Galilée et Newton ont établi l'homogénéité du monde physique.
Dès l'instant où on vit dans un monde entièrement naturel, qui n'est plus soumis à des
forces magiques, les sciences peuvent naître: sciences de la nature mais aussi anthropologie,
sociologie, psychologie, histoire. Tout devient objet de connaissance, il n'y a plus de tabou
interdisant de connaître les choses.
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Les hommes s'ouvrent en même temps sur la diversité de l'univers : ouverture géographique
avec une curiosité croissante pour les moeurs des autres et ouverture historique. On
commence à décrire les périodes antérieures non plus comme un répertoire d'exemples à la
manière de Montaigne, mais en recherchant leur propre cohérence.
Tzvetan Todorov, L'esprit des Lumières (2006)