La Sarriette était adorable, au milieu de ses fruits avec son débraillé de belle fille. Ses cheveux frisot
tants lui tombaient sur le front, comme des pampres¹. Ses bras nus, son cou nu, tout ce qu'elle montrait
de nu et de rose, avait une fraîcheur de pêche et de cerise. Elle s'était pendu par gaminerie des guignes
aux oreilles, des guignes noires qui sautaient sur ses joues, quand elle se penchait, toute sonore de rires
5 Ce qui l'amusait si fort, c'était qu'elle mangeait des groseilles et qu'elle les mangeait à s'en barbouiller la
bouche, jusqu'au menton et jusqu'au nez; elle avait la bouche rouge, une bouche maquillée, fraîche du
jus des groseilles, comme peinte et parfumée de quelque fard de sérail³. Une odeur de prune montait
de ses jupes. Son fichu mal noué sentait la fraise. La Sarriette vivait là, comme dans un verger, avec des
griseries d'odeur.
Émile Zola, Le Ventre de Paris, 1873
1. rameaux de vigne. 2. variété de cerises. 3. partie d'un palais de sultan où vivent les femmes.
femme
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1. a. Selon le texte, qui est la Sarriette? Une
b. Quelle est la particularité de ce portrait ?
2. Si vous deviez employer un vocabulaire cinématographique, que diriez-vous de la construction
de ce portrait ?