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Bonjour, ce texte est Annie Ernaux, Une femme
J'aurais besoin d'une problématique et de quelques arguments si possible pour un commentaire analytique :

Alors qu’elle vient de mourir, Annie Ernaux décide de raconter la vie de sa mère , qu’elle ne nomme pas. Elle explique ici son adolescence, dans les années 1920, à Yvetot, petite ville normande. Sa mère a grandi dans une famille très modeste, a quitté l’école à 12 ans et est désormais ouvrière dans une corderie.

De tous , c’est ma mère qui avait le plus de violence et d’orgueil, une clairvoyance révoltée de sa position d’inférieure dans la société et le refus d’être jugée seulement sur celle-ci. L’une de ses réflexions fréquentes à propos des gens riches, « on les vaut bien ». C’était une belle blonde assez forte (« on m’aurait acheté ma santé ! »), aux yeux gris. Elle aimait lire tout ce qui lui tombait sous la main, chanter les chansons nouvelles, se farder, sortir en bande au cinéma, au théâtre voir jouer Roger la honte et Le Maître des forges . Toujours prête à « s’en payer ».

Mais à une époque et dans une petite ville où l’essentiel de la vie sociale consistait à en apprendre le plus possible sur les gens, où s’exerçait une surveillance constante et naturelle sur la conduite des femmes, on ne pouvait qu’être prise entre le désir de « profiter de sa jeunesse » et l’obsession d’être « montrée du doigt ». Ma mère s’est efforcée de se conformer au jugement le plus favorable porté sur les filles travaillant en usine : « ouvrière mais sérieuse », pratiquant la messe et les sacrements, le pain bénit, brodant son trousseau chez les sœurs de l’orphelinat, n’allant jamais au bois seule avec un garçon. Ignorant que ses jupes raccourcies, ses cheveux à la garçonne, ses yeux « hardis », le fait surtout qu’elle travaille avec des hommes, suffisaient à empêcher qu’on la considère comme ce qu’elle aspirait à être, « une jeune fille comme il faut ».

La jeunesse de ma mère, cela en partie : un effort pour échapper au destin le plus probable, la pauvreté sûrement, l’alcool peut-être. A tout ce qui arrive à une ouvrière quand elle « se laisse aller » (fumer, par exemple, traîner le soir dans la rue, sortir avec des taches sur soi) et que plus aucun « jeune homme sérieux » ne veut d’elle.

Merci d'avance


Sagot :

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