L'action de la presse dans les diffusions des connaissances peut être critiquée. On regrettera son insuffisance dans certains domaines en matière de vulgarisation économique. On se plaindra de sa légèreté qui défigure parfois les faits plutôt qu'elle ne les transmet. D'autres, au contraire, mettront en cause l'excès des nouvelles divulguées, faisant valoir qu'il comporte des dangers et que, en tout état de cause, nulle connaissance solide ne peut sortir d'un tel papillonnement d'images. Toutes ces observations sont probablement fondées, encore qu'il faille se garder ici comme ailleurs de systématiser: avec la presse, les contraires sont presque toujours vrais simultanément.
S'il est tout à fait permis, néanmoins, de faire des réserves sur la valeur pédagogique d'une bonne partie de la presse actuelle, il n'est guère possible de contester son influence à cet égard. Ici, tous les clichés sur le pouvoir que détiennent les journaux sont à peu près confirmés. Hormis le savoir strictement professionnel, la quasi-totalité des connaissances dont dispose nos contemporaines vient de la presse. Aussitôt après celles de l'école et, en fait, parallèlement, les acquisitions de toute nature, des plus indispensables aux plus fragiles, sont puisées à cette source. Et tandis que le savoir d'origine scolaire va en s'estompant, celui que dispense la floraison des périodiques se renouvelle constamment. La vérité d'hier fait place à celle d'aujourd'hui, et c'est le dernier mot qui est pris pour le meilleur. Il n'empêche que le plus clair de ce qui se sait en littérature, en sciences, en arts, en psychologie, en puériculture, en diététique -mais préciser, à cette échelle, c'est restreindre-on le tient de la presse et d'elle seule.
Le caractère massif d'une grande partie de la presse et aussi le fait que tous les journaux s'alimentent plus ou moins à un fonds commun, on pour effet de standardiser dans une large mesure les connaissances qui se propagent ainsi. En matière de science, ce fait n'est pas gênant puis la science est la même pour tous; encore que l'on constate de curieuses modes dont l'actualité est seule responsable. Mais dans le domaine proprement culturel, il est certain que ce nivellement ne va pas sans appauvrissement. Le jour n'est pas loin où le monde entier fredonnera le même air, lira les mêmes livres, rira aux mêmes plaisanteries. Selon les points de vue, on s'alarmera ou se félicitera de cet éveil d'une conscience planètaire. Il faut bien constater en tout cas qu'il y a toujours eu deux sortes de savoir: celui qui se transmettent des élites raffinées et celui, d'une essence plus frustre, qui prolifère dans la vie quotidienne. Aujourd'hui, par le fait d'une évolution sans doute irréversible, ces connaissances simplifiées et stéréotypées sont l'apanage à peu près exclusif de la presse. Les savants devraient s'efforcer de combler le fossé plutôt que d'en déplorer stérilement l'existence. Après tout, ils n'ont jamais eu de meilleure chance de se faire entendre.
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Consigne
Fait le résumé de ce texte au 1/4 de son volume initial avec une marge de 10%
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