Svp Commentaire de texte d'Alphonse de Lamartine : Élégie
1. Cueillons, cueillons la rose au matin de la vie ;
Des rapides printemps respire au moins les fleurs ;
Aux chastes voluptés abandonnons nos cœurs;
Aimons-nous sans mesure, ô mon unique amie !
5. Quand le nocher battu par les flots irrités
Voit son fragile esquif menacé du naufrage,
Il tourne ses regards aux bords qu’il a quittés,
Et regrette trop tard les loisirs du rivage.
Ah ! qu’il voudrait alors, au toit de ses aïeux,
10. Près des objets chéris présents à sa mémoire,
Coulant des jours obscurs, sans périls et sans gloire,
N’avoir jamais laissé son pays ni ses dieux !
Ainsi l’homme, courbé sous le poids des années,
Pleure son doux printemps, qui ne peut revenir.
15. « Ah! rendez-moi, dit-il, ces heures profanées!
Ô dieux ! dans leur saison j’oubliai d’en jouir. »
Il dit: la mort répond; et ces dieux qu’il implore,
Le poussant au tombeau sans se laisser fléchir,
Ne lui permettent pas de se baisser encore
20.Pour ramasser ces fleurs qu’il n’a pas su cueillir.
Aimons-nous, ô ma bien-aimée!
Et rions des soucis qui bercent les mortels.
Pour le frivole appât d’une vaine fumée,
La moitié de leurs jours, hélas ! est consumée
25.Dans l’abandon des biens réels.
Alphonse de Lamartine, Nouvelles méditations poétiques, Onzième méditation, 1823