tautobiographique.
Que raconter ? Comment?
a vérité, c'est qu'il n'y a souvent pas grande vérité dans les autobiographies.
Quatre-vingt-dix pour cent d'entre elles sont à quatre-vingt-dix pour cent
destinée à des millions de lecteurs soit autre chose qu'une suite de demi-vérités
s bricolées? Les pensées intimes qui s'infiltrent dans le cerveau de l'être humain
restent enfouies dans ses profondeurs et n'émergent jamais.
Aussi loin que je puisse me rappeler, la plupart des événements que je relate
ici sont exacts; mais pour autant, vous ne me connaissez pas mieux maintenant
que lorsque vous avez commencé de lire ce récit sans queue ni tête. Sans doute
10 n'y perdez-vous pas grand-chose, et je ne peux que vous en féliciter. Mais ce que
je veux dire, c'est que vous n'avez pas la moindre idée de ce qui se passe en mon
for intérieur. Souvenez-vous : « Tout homme est un jardin secret. » (Ce n'est peut-
être pas la citation exacte, mais je n'ai pas le temps de m'y attarder. J'attends mon
kiné à trois heures et d'ailleurs, je suis à court de papier.)
Je suppose qu'il est possible d'écrire ses mémoires avec une parfaite sin-
cérité; mais si l'on veut jouer la sécurité, il vaut mieux les publier post mortem'.
Je crois bien, pour ma part, que je pourrais écrire un livre qui ferait du bruit si
je voulais livrer mes pensées profondes sur la vie en général et moi en particu-
lier. Mais que m'apporterait un ouvrage posthume? Même s'il devenait un best-
20 seller et que le Reader's Digest en publie plus tard des extraits, ça ne me ferait
ni chaud ni froid. Tant qu'on n'aura pas trouvé le moyen de jouir d'un succès
posthume, il faudra vous contenter d'un ersatz' de Groucho.
Vous feriez mieux de lire le dictionnaire ou de biner vos plates-bandes.
Groucho Marx, Mémoires capitales, Editions du Seuil, 1985.
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exemple et dont l'exécution n'aura