Bonjour, je suis en classe de premiere et je dois faire une analyse lineaire du texte ci-dessous. Merci en avance pour l’aide, j’offre 20 points.
- Henrik Ibsen, Une Maison de poupée, troisième partie
HELMER. - Tu parles comme une enfant. Tu ne comprends rien à la société dans laquelle tu vis.
NORA. - Non. je n'y comprends rien. Mais je vais m'y mettre à présent. Il faut que j'arrive à décider qui a raison, de la société ou de moi.
HELMER. - Tu es malade. Nora. Tu as la fièvre. Pour un peu. je croirais que tu as perdu la raison.
NORA. - Je ne me suis jamais sentie aussi lucide et sûre de moi que cette nuit.
HELMER. - Et c'est dans cette lucidité et cette assurance que tu abandonnes ton mari et tes enfants ?
NORA. - Oui, en effet.
HELMER. - Alors, il ne peut y avoir qu'une explication possible.
NORA. - Laquelle ?
HELMER. - Tu ne m'aimes plus.
NORA. - Oui. c'est exactement cela.
HELMER. - Nora... et tu oses le dire ?
NORA. - Oh ! ça me fait si mal Torvald. Parce que tu as toujours été si gentil pour moi. Mais je ne peux rien y faire. Je ne t'aime plus.
HELMER, faisant des effarts pour demeurer calme. - Et cela aussi, c'est une conviction lucide et assurée ?
NORA. - Oui. parfaitement lucide et assurée. C'est pour cela que je ne veux plus demeurer ici.
HELMER. - Et tu peux m'expliquer comment j'ai perdu ton amour ?
NORA. - Certainement. C'est ce soir, quand le miracle n'est pas venu. J'ai vu alors que tu n'étais pas l'homme que j'avais imagine.
HELMER. - Explique-toi plus précisément. ie ne te comprends pas.
NORA. - J'ai attendu patiemment huit années durant. Mon Dieu ! Je savais bien que le miracle n'arrive pas ainsi tous les jours. Et puis, cette menace a éclaté au-dessus de moi. Et alors, j'ai eu une certitude absolue : maintenant le miracle va venir. Pendant que la lettre de Krogstad était là, dans la boîte, il ne m'est pas venu à l'idée un seul instant que tu pourrais te plier aux conditions cet homme. J'étais tellement certaine que tu lui dirais : « Faites connaître cette affaire au monde entier ». Et quand cela aurait eu lieu...
HELMER. - Oui et alors ? Quand j'aurais livré ma propre femme à la honte et au scandale...
NORA. - Quand cela aurait eu lieu, je pensais avec une certitude absolue que tu t'avancerais, te chargerais de tout et dirais : « C'est moi, le coupable ! »
HELMER. - Nora !.
NORA. - Tu veux dire que je n'aurais pas accepté un tel sacrifice ? Non, cela va de soi. Mais qu'auraient valu mes assurances auprès des tiennes? Voilà le miracle que j'attendais dans la crainte. Et c'est pour empécher cela que ie voulais mettre fin à mes jours.
HELMER. - J'aurais travaillé avec joie nuit et jour pour toi. Nora.. j'aurais tout supporté, privations et soucis, pour l'amour de toi. Mais il n'existe personne qui sacrifie son honneur pour l'etre qu'il aime.
NORA. - C'est ce que des centaines de milliers de femmes ont fait.
HELMER. - Oh ! Tu penses et tu parles comme une enfant qui ne comprend rien.
NORA. - Soit ! Mais tu ne penses pas, tu ne parles pas comme l'homme que je pourrais suivre. Quand ton épouvante a été passée... épouvante, non pour ce qui me menaçait moi, mais pour ce à quoi tu étais toi-même exposé, et quand tout le danger a été passé... alors, tu as tout oublié. Je suis redevenu ta petite alouette, ta poupée que, désormais, tu porterais deux fois plus prudemment dans tes bras, puisqu'elle était si fragile et si délicate. (Se levant). Torvald..à ce moment. l'idée s'est imposée à moi que, pendant huit ans. j'avais vécu ici avec un étranger et j'avais eu trois enfants... Oh ! je ne supporte pas d'y penser ! Je pourrais me casser en mille morceaux.
HELMER. accablé. - Je vois... je vois. Un abime assurément s'est creusé entre nous... Mais, Nora. ne pourrait-on pas le combler?
NORA. - Telle que je suis maintenant, je ne suis pas une épouse pour toi.
HELMER. - J'ai la force de devenir un autre.
NORA. - Peut-être... si on t'enlève ta poupée.
HELMER. - Me séparer... me séparer de toi ! Non, non, Nora, je ne peux me faire à cette idée.
NORA. se dirigeant vers la porte de droite. - Raison de plus pour en finir.