D'indescriptibles tressaillements secouaient la locomotive, elle se cabrait, et ne continuait sa
marche que sous la main de fer, puissante et inhumaine du mécanicien. D'un geste, celui-ci ouvrait
la porte du foyer, pour que le chauffeur, espèce de géant mythologique, active le feu. Et,
maintenant, ce n'était plus une queue d'astre incendiant la nuit, ce n'était plus ce faisceau lumineux
et aveuglant, c'était un panache de fumée noire, épaisse, dense, irrespirable qui salissait le ciel pâle.
La locomotive avançait, confiante et sereine dans la Nuit. La machine de fer roulait, accélérait, on
ne distinguait plus rien de la voie : un manteau de neige froid recouvrait la chaleur ardente des rails.
La neige qu'elle repoussait faisait une montagne devant elle, bouillonnait et montait, en un flot
révolté qui menaçait de l'engloutir. Un instant, elle parut débordée et vaincue, d'un dernier coup de
reins, elle se délivra, avança de quelques mètres. Mais des paquets de neige tombaient tels des rocs
furieux. La machine s'arrêta, expirante, essoufflée, seule, immobile et morte. Le feu glaça. L'Hiver
remportait sa première bataille.
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