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Contraction de texte Vous ferez la contraction de ce texte de Jean-Michel Delacomptée en 193 mots. Une tolérance de plus ou moins 10% est admise : votre travail comportera au moins 174 mots et au plus 212 mots. Vous placerez un repère dans votre travail tous les 50 mots et indiquerez à la fin de la contraction le nombre de mots qu'elle comporte.Caracteres, il pose comme un fait établi que le cœur de l'homme n'a jamais changé et ne changera jamais. La nature humaine est ce qu'elle est, immuable¹. Dieu a modelé l'homme (et la femme) avec ses tares² et ses vertus, sans qu'aucune puissance ne puisse modifier sa nature. Ce qui peut évoluer, en revanche, ce sont les comportements. D'où le devoir du moraliste, qui consiste à tendre au public, pour qu'il se réforme, un miroir qui reflète parfaitement l'âpre³ réalité des choses. Dire que le cœur de l'homme reste identique à lui- même en tous lieux, en tous temps, revient à prendre acte de motivations, de réactions, d'attitudes en tous points semblables aujourd'hui à ce qu'elles étaient à l'époque de Théophraste, personnage de l'antiquité, comme de La Bruyère, personnage du XVIIe siècle. Mais revient aussi à condamner les tentatives prométhéennes visant à changer l'homme. Les exemples monstrueux que nous offre l'histoire du XXe siècle valent enseignement définitif. Les comportements peuvent s'améliorer, pas le fond. «Qui a vécu un seul jour, a vécu un siècle, même soleil, même terre, même monde, mêmes sensations, rien ne ressemble mieux aujourd'hui que demain», écrit La Bruyère. À travers le temps, les corps restent les mêmes, comme le soleil et les cœurs. Voici encore, à titre d'illustration, ces lignes de Marguerite Yourcenar dans les Mémoires d'Hadrien: «La substance, la structure humaine ne changent guère. Rien de plus stable que la courbe d'une cheville, la place d'un tendon, ou la forme d'un orteil. Mais il y a des époques où la chaussure déforme moins». Cette moindre déformation, appelons-la le progrès possible. Les mœurs peuvent tantôt régresser tantôt s'améliorer. Mais la t hommes, est leur ouvrage, ou la loi des plus forts». Ce qui caractérise l'espèce humaine, c'est l'outrance', qui confine à la déraison alors même que l'homme se croit supérieur aux animaux par l'exercice de la raison. Cette croyance se révèle un leurre: le propre de l'homme est de se méconnaître, de s'aveugler sur sa valeur. Par nature il n'est ni bon, ni juste, ni honnête, ni généreux, mais menteur, présomptueux, infidèle, avide, etc. Et cela depuis toujours, avec toutefois une aggravation continue. 10 12 Aux yeux du moraliste qu'était La Bruyère, la vie à la Cour comme à la Ville ne cessait de se dégrader. Pour lui c'était mieux avant, «au temps de nos pères», selon l'expression consacrée qu'on retrouve par exemple chez Montaigne, auquel il se réfère et qu'il admire assez pour s'aventurer à le pasticher ¹0 avec un incroyable brio. L'époque le consterne¹¹ l'effondrement de tous les principes moraux le scandalise. Assistant à l'irrésistible promotion de la bourgeoisie d'affaires, il constate avec effarement ¹2 la violence du culte de l'argent, la cruauté des misères, l'énormité des disparités de destins. La situation vous paraît-elle très différente de celle qui prévaut aujourd'hui? La cupidité sans bornes, l'égoïsme vorace, le narcissisme qui s'exhibe à tout va, l'obscénité du cynisme étalé, les écarts de fortune insensés, le goût effréné du pouvoir, le matérialisme le plus plat, le plus vain, en sommes- nous délivrés? Notre époque souffre beaucoup moins que celle de La Bruyère, elle est infiniment moins dure, nettement moins sauvage mais s'ils sont moine brutaux les traunes​