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L'Etat laisse autant que possible les individus jouer librement, pourvu qu'r 16
2 prennent pas leur jeu au sérieux, et ne le perdent pas de vue, lui, P'Etat. Il ne peu s'éten dre
3d'homme à homme de relations qui ne soient inquiétées, sans « surveillance et intervent
supérieures ». Je ne puis pas faire tout ce dont je serais capable, mais seulement ce que l'El at
ne permet de faire; je ne puis faire valoir ni mes pensées, ni mon travail, ni en général rien
de ce qui est moi.
L'Etat ne poursuit jamais qu'un but: limiter, enchaîner, assujettir l'individu, le
subordonner à une généralité quelconque. Il ne peut subsister qu'à condition que l'individu ne
soit pas pour soi-même tout dans tout; il implique de toute nécessité la limitation du moi, ma
Dmutilation et mon esclavage Jamais l'Etat ne se propose de stimuler la libre activité de
M'individu; la seule activité qu'il encourage est celle qui se rattache au but que lui-même
poursuit.
L'Etat cherche, par sa censure, sa surveillance et sa police, à envoyer toute activité
croit
(avec raison d'ailleurs, car sa
Mlibre; en jouant ce rôle de bâton dans les roues, il
conservation est à ce prix) remplir son devoir. L'Etat veut aire de l'homme quelque chose, il
16 veut le façonner aussi l'homme, en tant que vivant dans l'Etat, n'est-il qu'un homme
factice; quiconque veut être soi-même est l'adversaire de l'Etat et n'est rien. « Il n'est rien >>
signifie l'Etat ne l'utilise pas, ne lui accorde aucun titre, aucun emploi, aucune commission,