Les Confessions souvrent avec le récit de l'enfance du narrateur, époque plutôt heureuse, jusqu'à ce qu'un événement apparemment banal vienne lui révéler la dureté de la vie. J'étudiais un jour seul ma leçon dans la chambre contiguë à la cuisine. La servante avait mis sécher à la plaque les peignes de mademoi- selle Lambercier. Quand elle revint les prendre, il s s'en trouva un dont tout un côté de dents était brisé. À qui s'en prendre de ce dégât ? personne autre que moi n'était entré dans la chambre. On m'interroge: je nie d'avoir touché le peigne. M. et mademoiselle Lambercier se réunissent, 10 m'exhortent, me pressent, me menacent: je per- siste avec opiniâtreté ; mais la conviction était trop forte, elle l'emporta sur toutes mes protesta- tions, quoique ce fût la première fois qu'on m'eût trouvé tant d'audace à mentir. La chose fut prise 15 au sérieux ; elle méritait de l'être. La méchanceté, le mensonge, l'obstination, parurent également dignes de punition [...]. On ne put m'arracher l'aveu qu'on exigeait. Repris à plusieurs fois et mis dans l'état le plus 2o affreux, je fus inébranlable. J'aurais souffert la mort, et j'y étais résolu. Il fallut que la force 28 au même cédât diabolique entête- ment d'un enfant ; 25 car on n'appela pas autrement ma constance. Enfin je sortis de cette cruelle épreuve en pièces, mais triomphant. Il y a maintenant près de cinquante ans de cette aventure, et je n'ai pas peur d'être puni 30 derechef pour le même fait: hé bien ! je déclare à la face du ciel que j'en étais innocent, que je n'avais ni cassé ni touché le peigne, que je n'avais pas approché de la plaque, et que je n'y avais pas même songé. Qu'on ne me demande pas com- 35 ment ce dégât se fit, je l'ignore et ne le puis com- prendre ce que je sais très certainement, c'est que j'en étais innocent. Qu'on se figure un caractère timide et docile dans la vie ordinaire, mais ardent, fier, indomp- 40 table dans les passions; un enfant toujours gou- verné par la voix de la raison, toujours traité avec douceur, équité, complaisance, qui n'avait pas
questions: 1/ de quoi le narrateur est il accusé? Est ce à juste titre, d'apres lui?
2/ résumez ce qui est arrivé à l'enfant en trois phrases.
3/ dans le premier paragraphe, quels procédés de style traduisent le déséquilibre des forces entre l'enfant et les adultes?
4/ quelle est la conséquence, dans sa vie d'adulte, de l'injustice subie par le narrateur quand il était enfant? citez le texte.
merci d'avance.