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Q1. (sur 1) Rédiger l'introduction du commentaire composé de ce texte et en proposer un plan
détaillé (titres des grandes parties et des sous-parties du devoir).
Les élèves qui disposent d'un tiers temps n'ont pas à faire le plan du commentaire.
Dans cet extrait, le narrateur proustien se souvient d'un séjour avec sa grand-mère qui est depuis
décédée. Il refait cette promenade.
I
[...] je partis me promener seul vers cette grande route que prenait la voiture de Mme de Villeparisis
quand nous allions nous promener avec ma grand-mère ; des flaques d'eau, que le soleil qui brillait
n'avait pas séchées, faisaient du sol un vrai marécage, et je pensais à ma grand-mère qui jadis ne pouvait
marcher deux pas sans se crotter. Mais, dès que je fus arrivé à la route, ce fut un éblouissement. Là où je
n'avais vu, avec ma grand-mère, au mois d'août, que les feuilles et comme l'emplacement des
pommiers, à perte de vue ils étaient en pleine floraison, d'un luxe inouï, les pieds dans la boue et en
toilette de bal, ne prenant pas de précautions pour ne pas gâter le plus merveilleux satin rose qu'on eût
jamais vu et que faisait briller le soleil ; l'horizon lointain de la mer fournissait aux pommiers comme un
arrière-plan d'estampe japonaise; si je levais la tête pour regarder le ciel entre les fleurs, qui faisaient
paraître son bleu rasséréné, presque violent, elles semblaient s'écarter pour montrer la profondeur de ce
paradis. Sous cet azur, une brise légère mais froide faisait trembler légèrement les bouquets rougissants.
Des mésanges bleues venaient se poser sur les branches et sautaient entre les fleurs, indulgentes, comme
si c'eût été un amateur d'exotisme et de couleurs qui avait artificiellement créé cette beauté vivante.
Mais elle touchait jusqu'aux larmes parce que, si loin qu'on allait dans ses effets d'art raffiné, on sentait
qu'elle était naturelle, que ces pommiers étaient là en pleine campagne comme des paysans, sur une
grande route de France. Puis aux rayons du soleil succédèrent subitement ceux de la pluie ; ils zébrèrent
tout l'horizon, enserrèrent la file des pommiers dans leur réseau gris. Mais ceux-ci continuaient à dresser
leur beauté, fleurie et rose, dans le vent devenu glacial sous l'averse qui tombait : c'était une journée de
printemps.
Marcel Proust, A la recherche du temps perdu, Sodome et Gomorrhe (1921-1922)


Sagot :

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