Expliquez le texte suivant:
« Les gens se retirent à la campagne, au bord de la mer, à la montagne. Toi-même, tu as coutume de
rechercher plus que tout ce genre de retraite. Mais c’est la chose la plus stupide qui soit, alors qu’il
t’est permis, au moment que tu veux, de te retirer en toi-même. Nulle part en effet un homme ne trouve
retraite plus tranquille, plus exempte de tracas que dans son âme1
, surtout s’il possède les trésors
intérieurs qui lui permettent, dès qu’il s’est penché sur eux de se sentir à l’aise -par « à l’aise » je
n’entends rien d’autre qu’un ordre parfait. Adonne-toi donc sans cesse à cette retraite et retrouve ainsi
ta vigueur […] Il ne te reste plus qu’à songer à te retirer dans ce petit lopin qui est le tien. Et avant tout,
sans tourment ni tension excessive, sois un homme libre, regarde la réalité comme l’être viril, l’être
humain, le citoyen, l’animal mortel que tu es. Mais parmi les choses que tu gardes sous la main, et sur
lesquelles tu te pencheras, il faut ces deux pensées : d’abord les choses extérieures n’atteignent pas
l’âme, mais restent en dehors d’elle dans leur indifférence. Les difficultés viennent seulement de l’opinion
intérieure qu’on en a. Ensuite, que toutes les choses que tu vois, si ce n’est déjà fait, se changeront et ne
seront plus. Songe sans cesse à toutes les transformations auxquelles tu as assisté. Le monde n’est que
changement. La vie n’est qu’opinion2
. »