Expliquer le texte suivant : La science est la connaissance des conséquences et de la dépendance d'un fait par rapport à un autre, en sorte que, partant de ce que nous pouvons faire dans le présent, nous savons comment faire quelque chose d'autre quand nous le voulons, ou, ce qui est la même chose, une autre fois parce que, quand nous comprenons comment une chose se produit, à partir de quelles causes, et par quelle manière, et que les mêmes causes viennent en notre pouvoir, nous comprenons comment nous pouvons leur faire produire les mêmes effets. Les enfants ne sont pas du tout doués de raison, tant qu'ils ne sont pas parvenus en âge de parler, mais on dit qu'ils sont des créatures raisonnables à cause de leur apparente possibilité de faire usage de la raison le moment venu. Et la plupart des gens, bien qu'ils aient quelque peu l'usage du raisonnement, comme savoir compter jusqu'à un certain point, n'en font pourtant que peu d'usage dans la vie courante où ils se gouvernent eux-mêmes, les uns bien les autres mal, selon leurs expériences différentes, la vivacité de leur souvenir, et leurs penchants en direction de plusieurs buts, mais particulièrement selon leur bonne ou mauvaise fortune et les erreurs des uns et des autres. Car ils sont si éloignés de la science, ou de certaines règles de leurs actions, qu'ils ne savent pas ce que c'est. Ils ont cru que la géométrie, c'était des tours de passe-passe. Mais, pour les autres sciences, ceux à qui l'on n'en a pas appris les commencements, et qui n'ont pas pu y faire certains progrès pour qu'ils puissent voir comment elles sont engendrées et acquises, sont sur ce point comme les enfants qui n'ont aucune idée de la génération, et à qui les femmes font croire que leurs frères et soeurs n'ont pas été enfantés, mais ont été trouvés dans le jardin. Pourtant, ceux qui n'ont aucune science sont dans une condition meilleure et plus noble, avec leur prudence naturelle que ceux qui, en raisonnant mal, ou en faisant confiance à ceux qui raisonnent de façon incorrecte, se précipitent dans des règles générales fausses et absurdes. Car l'ignorance des causes et des règles ne mène pas les hommes si loin de leur chemin, que le fait de se fonder sur de fausses règles et de prendre pour causes de ce dont ils aspirent, de fausses causes qui sont plutôt les causes du contraire.
Thomas hobbes