Exercice 8 Le romancier témoin de l'histoire
1. En pleine guerre civile espagnole, en 1936, Malraux se rend on Espagne.
En quoi ce passage prend-il une valeur de témoignage?
2. Quelles différences existent, selon vous, entre les récits du romancier et ceux
des reporters également présents sur place?
Bientôt Shade put commencer à dicter. Pendant que se succé-
daient ses notes de la matinée, les obus se rapprochaient, les pointes
des crayons sautant toutes ensemble sur les blocs de sténo à chaque
explosion. Le tir cessa, et l'angoisse s'accrut. Les canons, là-bas, rec-
5 tifiaient-ils leur tir? On attendait. On attendait. On attendait. Shade
dictait. Paris transmettait à New York.
«Ce matin, virgule, j'ai vu les bombes encadrant un hôpital où se
trouvaient plus de mille blessés, point. Le sang que laissent derrière
eux, virgule, à la chasse, virgule, les animaux blessés, virgule, s'appelle
10 des traces, point. Sur le trottoir, virgule, sur le mur, virgule, était un
filet de traces...»
L'obus tomba à moins de vingt mètres. Cette fois, ce fut une ruée
vers le sous-sol. Dans la salle presque vide ne restaient que les standar-
distes et les correspondants « en ligne »>.
ANDRÉ MALRAUX, L'Espoir, Éd. Gallimard, 1937.