SUJET
Mais quelle ingratitude, quelle courte vue, tout bonnement, que de souhaiter supprimer la civi-
lisation ! Ce qui reste alors en effet c'est l'état de nature, et il est beaucoup plus difficile à suppor-
ter. C'est vrai, la nature n'exigerait pas de nous que nous restreignions nos pulsions, elle nous
laisserait faire, mais elle a sa manière particulièrement efficace de nous restreindre, elle nous
5 tue, froidement, cruellement, sans le moindre égard, éventuellement à l'occasion même de nos
satisfactions. C'est précisément à cause de ces dangers dont la nature nous menace que nous
nous sommes mis ensemble et avons créé la civilisation, qui est destinée, entre autres choses,
à rendre possible notre vie en commun. Car enfin c'est la principale tâche de la civilisation, le
véritablement fondement de son existence, que de nous défendre contre la nature.
Sigmund FREUD, L'Avenir d'une illusion (1927), 3, © Points, 2011, p. 54.
Vous pouvez soit répondre successivement à chacune des questions suivantes, soit suivre le développement de votre
choix. Indiquez votre option de rédaction (1 ou 2) au début de votre copie.
Éléments d'analyse
1. Quelles sont ces «< pulsions » (1. 3) libres de s'exprimer à l'état de nature ?
2. Qu'entend Freud lorsqu'il affirme que la nature << nous tue, froidement, cruellement » (l. 4-5)?
3. Expliquez: < que de nous défendre contre la nature. »> (l. 8-10).
Éléments de synthèse
1. Selon Freud, pourquoi les hommes ont-ils créé la civilisation?
2. En vous appuyant sur les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte et les étapes de l'argumentation.
Commentaire
Pourquoi idéalise-t-on parfois l'état de nature ? Pourtant, pourquoi avons-nous besoin de nous défendre contre la
nature ? À la lumière de vos connaissances, et en tenant compte du texte de Freud, vous vous demanderez s'il est
souhaitable de retourner à un état de nature.