François-René de Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe (1849-1850)
POUR LES ELEVES
TEXTE
Chateaubriand Evoque ses années passées dans le château de Combourg en Bretagne.
A huit heures, la cloche annonçait le souper. Après le souper, dans les beaux jours,
on s'asseyait sur le perron. Mon père, armé de son fusil, tirait les chouettes qui sortaient
des créneaux à l'entrée de la nuit. Ma mère, Lucile et moi, nous regardions le ciel, les
bois, les derniers rayons du soleil, les premières étoiles. A dix heures, on rentrait et Yon
se couchait.
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Les soirées d'automne et d'hiver étaient d'une autre nature. Le souper fini et les
quatre convives revenus de la table à la cheminée, ma mère se jetait, en soupirant, sur
un vieux lit de jour de siamoise flambée"; on mettait devant elle un guéridon avec une
bougie. Je m'asseyais auprès du feu avec Lucile, les domestiques enlevaient le couvert
10 et se retiraient. Mon père commençait alors une promenade, qui ne cessait qu'à l'heure
de son coucher. Il était vêtu d'une robe de ratine blanche, ou plutôt d'une espèce de
e n'ai vu qu
Jui. Sa tête demi-chauve, était
t couverte d'un grand borinet
manteau que
blanc qui se tenait tout droit. Lorsqu'en se promenant, il s'éloignait du foyer, la vaste
plus; on
salle était si peu éclairée par une seule bougie qu'on
voyait
15 seulement encore marcher dans les ténèbres; puis il revenait lentement vers la lumière
et émergeait peu à peu de l'obscurité, comme un spectre, avec sa robe blanche, son
bonnet blanc, sa figure longue et pâle. Lucile et moi, nous échangjons quelques mots à
voix basse, quand il était à l'autre bout de la salle; nous nous taisions quand il se
rapprochait de nous. Il nous disait, en passant: «De quoi parliez-vous? Saisis de
20 terreur, nous ne répondions rien, il continuait sa marche. Le reste de la soirée, l'oreille
n'était plus frappée que du bruit mesuré de ses pas, des soupirs de ma mère et du
murmure du vent.
on l'entendait
François-René de Chateaubriand, Mémoires d
utre-tombe (1849-1850), 1 partie, livre III, chap. 3.
1.Ouverture pratiquée au sommet d'un rempart et qui servait à la défense
2. Divan, canapé
3. Erolle de coton
4. Tissu de laine à poil long
QUESTIONS (15 points)
1. A quel genre littéraire appartient ce passage ? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur le
(1.5 POINT)
texte et le paratexte. Fournissez trois indices.
2. Quels sont les quatre personnages du texte ? Précisez leurs liens de parenté.
(1 POINT)
3. Quel moment de la journée est évoqué dans le texte ? Les deux paragraphes