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Activité d'intégration:
Le 6 janvier au matin, la tribu des Abbey, dont le territoire était traversé par le
chemin de fer récemment construit de Bingerville (alors siège du gouvernement de Côte
d'Ivoire) à Dimbokro, se soulève. La voie ferrée et ses installations sont attaquées, la voie
coupée en 25 points entre les kilomètres 24 et 42.
Ni le chef du poste d'Agroville, ni les Européens, ni les Sénégalais et les Bambara
installés dans la région n'ont soupçonnés la préparation de la révolte.
Le gouverneur fulmine contre les Abbey "sauvages, farouches, au dernier échelon de
l'humanité, qui refusaient bien que proches du chemin de fer, à venir le voir, qui se
livreraient à la vie normale et primitive, qui ne payaient pas d'impôts..."
En fait, c'est une révolte du désespoir, qui suit la décision de l'administration de
confisquer les fusils sans indemnité ni remboursement de la taxe de port d'armes qui
venaient s'être perçue.... A Bingerville, en un seul mois, les villageois environnants ont dû
fournir milles deux cents journées de travail sans toucher un centime. Dans une palabre
pacifique, les Africains ayant fait mine de se lever pour s'en aller, les gardes font feu sur
eux, sans aucune provocation de la part des Africains. A travers le pays Abbey, on a
entrepris de requérir les gens pour construire des routes de 6 mètres de larges, sans les
payer...
Le gouvernement affolé fait venir de Dakar mille tirailleurs. Il décide d'appliquer la
manière forte. Les colons approuvent. On lit dans leur journal: "Les dégâts causés à la
voie, les pertes subies par les commerçants installés sur la ligne, par les exploitants
d'acajou dont les chantiers longent la voie sont trop considérables...pour que ne soit pas
autorisée et légitimée la plus terrible des répressions. Les villages pris sont brûlés. Pas de
pitié pour les prisonniers. Les têtes coupées sont plantées sur des piquets en faces des
gares, ou devant les cases des villages."