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Sagot :
Réponse :
La problématique : Un portrait pris sur le vif ou un personnage de comédie ?
Situer ce "caractère" du distrait dans son chapitre XI : De l'homme.
Puis consulter les notes de la Bruyère ajoutée à la 8° édition.
" Ceci est moins un caractère particulier qu'un recueil de faits de distractions. Ils ne sauraient être en trop grand nombre s'ils sont agréables car les goûts étant différents, on a à choisir".
I. Un portrait à charge
Qu'est-ce qu'une caricature ?
Relever les exagérations.
Repérer l' effet d'accumulation.
Objectif : Portrait charge destiné à faire rire à faire réfléchir
Au-delà, noter les invraisemblances.
II. Une caricature à replacer dans l'époque :
Repérer ce que ce texte nous apprend des moeurs du XVII°.
Remarque : Portrait à clé peut-être. Les contemporains auraient reconnu Charles de Villars, comte de Brancas, chevalier d'honneur d'Anne d'Autriche. La Bruyère aurait emprunté des traits aussi au prince de Conti ... La liste est longue. Tant mieux, chaque lecteur indulgent repensera à ses propres distractions qu'il n'ose pas avouer ... :)
Ainsi ce portrait à charge placé dans un contexte prend une valeur universelle. mais que penserions-nous si un personnage se comportait ainsi aujourd'hui ? Ménalque n'est-il pas finalement hors de toute réalité, comme un personnage de comédie ?
Explications :
Ménalque descend son escalier, ouvre sa porte pour sortir, il la referme : il s’aperçoit qu’il est en bonnet de nuit ; et venant à mieux s’examiner, il se trouve rasé à moitié, il voit que son épée est mise du côté droit, que ses bas sont rabattus sur ses talons, et que sa chemise est par-dessus ses chausses. S’il marche dans les places, il se sent tout d’un coup rudement frappé à l’estomac ou au visage ; il ne soupçonne point ce que ce peut être, jusqu’à ce qu’ouvrant les yeux et se réveillant, il se trouve ou devant un limon de charrette, ou derrière un long ais de menuiserie que porte un ouvrier sur ses épaules. On l’a vu une fois heurter du front contre celui d’un aveugle, s’embarrasser dans ses jambes, et tomber avec lui chacun de son côté à la renverse. Il lui est arrivé plusieurs fois de se trouver tête pour tête à la rencontre d’un prince et sur son passage, se reconnaître à peine, et n’avoir que le loisir de se coller à un mur pour lui faire place. Il cherche, il brouille, il crie, il s’échauffe, il appelle ses valets l’un après l’autre : on lui perd tout, on lui égare tout ; il demande ses gants, qu’il a dans ses mains, semblable à cette femme qui prenait le temps de demander son masque lorsqu’elle l’avait sur son visage. Il entre à l’appartement, et passe sous un lustre où sa perruque s’accroche et demeure suspendue : tous les courtisans regardent et rient ; Ménalque regarde aussi et rit plus haut que les autres, il cherche des yeux dans toute l’assemblée où est celui qui montre ses oreilles, et à qui il manque une perruque. S’il va par la ville, après avoir fait quelque chemin, il se croit égaré, il s’émeut, et il demande où il est à des passants, qui lui disent précisément le nom de sa rue ; il entre ensuite dans sa maison, d’où il sort précipitamment, croyant qu’il s’est trompé. Il descend du Palais, et trouvant au bas du grand degré un carrosse qu’il prend pour le sien, il se met dedans : le cocher touche et croit remener son maître dans sa maison ; Ménalque se jette hors de la portière, traverse la cour, monte l’escalier, parcourt l’antichambre, la chambre, le cabinet ; tout lui est familier, rien ne lui est nouveau ; il s’assit, il se repose, il est chez soi. Le maître arrive : celui-ci se lève pour le recevoir ; il le traite fort civilement, le prie de s’asseoir, et croit faire les honneurs de sa chambre ; il parle, il rêve, il reprend la parole : le maître de la maison s’ennuie, et demeure étonné ; Ménalque ne l’est pas moins, et ne dit pas ce qu’il en pense : il a affaire à un fâcheux, à un homme oisif, qui se retirera à la fin, il l’espère, et il prend patience : la nuit arrive qu’il est à peine détrompé.
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