Réponse:
Plus on avance dans le Ve siècle, plus le politique s’installe ouvertement au cœur de la pensée grecque. La tragédie traitait à sa manière, obliquement, de la cité, une cité délibérément distanciée de la réalité politique observable (la démocratie), et elle se gardait bien, pour l’essentiel, de s’inspirer des trouvailles des philosophes. Avec les Sophistes, qui jouent avec l’autoréférence et la transcendance, la nature, la loi, la violence, puis avec Socrate, le politique s’empare de la philosophie. C’est au politique que l’histoire doit sa naissance. L’oraison funèbre enfin laisse des traces d’une parole politique de la cité sur elle-même, une parole qu’il faut entendre accompagnée de l’énorme silence démocratique qui l’entoure.
Quand Protagoras commence à faire parler de lui, sans doute vers le milieu du Ve siècle, il n’a pas encore quarante ans, comme Gorgias, d’ailleurs, l’autre grand Sophiste. Prodicos est alors un enfant ou un jeune homme, Hippias n’est pas encore né, semble-t-il. Protagoras est à peu près de la même génération que Sophocle et Hérodote. C’est un homme mûr quand Socrate et Thucydide sortent à peine de l’adolescence. Les trente années qui le séparent de sa mort vers 420 correspondent à l’apogée athénienne. Vers 450, Eschyle a achevé son œuvre (il est mort en 456), Euripide commence à peine la sienne (vers 455) ; nous savons que Sophocle a remporté, pour la première fois, le prix de tragédie en 468, mais toutes les pièces que nous conservons de lui sont postérieures à 450…
