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Sagot :
Bonjour
Une morale sans libre arbitre est possible, une morale que, avec Spinoza, nous appellerons plutôt éthique. Celle-ci ne présuppose pas, comme sa condition, un libre arbitre absolu, une volonté capable de vouloir autre chose que ce qu’elle veut et de faire autre chose que ce qu’elle fait, ce qui supposerait qu’on puisse être autre que ce que l’on est. Il ne s’agit pas, en quelque sorte, d’être libre pour la morale mais plutôt de se libérer, par l’éthique, de ce qui est source, pour l’homme, d’asservissement : ces "passions tristes" que sont la crainte et l’espérance, le mépris et la haine mais aussi le remords et la pitié et qui s’enracinent toutes dans la croyance dans la contingence et dans le libre arbitre. Et cette libération est l’œuvre de la raison qui, nous faisant connaître toute chose dans sa nécessité même, nous débarrasse de l’illusion du libre arbitre et nous réconcilie avec le monde, avec les autres et avec nous-mêmes. "Qui sait droitement, écrit Spinoza, que tout suit de la nécessité de la nature divine et arrive suivant les règles éternelles de la nature, ne trouvera rien qui soit digne de haine, de raillerie ou de mépris, et il n’aura pitié de personne ; mais autant que le permet l’humaine vertu, il s’efforcera de bien faire, comme on dit, et de se tenir en joie".
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