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Sagot :
Bonjour
On peut se demander quels sont les moyens dont nous disposons pour changer le monde. Il est possible de modifier la Nature par la technique. Ainsi, l'Homme, tout au long de son histoire et encore aujourd'hui, a inventé et invente des moyens de subvenir à ses besoins, de résister aux contraintes naturelles, d'apprivoiser voire de dominer la Nature. Les Hommes ont créé de l'artificiel et ont modifié leur environnement en fonction d'eux-mêmes, et ils continuent de le faire. On peut donc dire que, par la technique, nous changeons le monde. Rousseau confirme cette idée lorsqu'il dit que l'agriculture et la métallurgie (deux techniques pour ''artificialiser le naturel'') sont les moteurs de l'Histoire (et donc de l'évolution du monde). Mais le monde, ce n'est pas que notre environnement, c'est aussi la société des Hommes. Les moyens dont nous disposons pour changer la société sont la politique, les mouvements de mobilisation collective spontanés ou organisés (par les syndicats par exemple), les organisations qui ont pour but d'améliorer la condition des minorités ou des personnes qui souffrent, etc. Autrement dit, tous les groupes d'hommes et de femmes ayant une même volonté de changement.
Il est donc en théorie, possible de changer le monde. Malgré tout, il existe des obstacles qui empêchent l'Homme de changer le monde. Ainsi, même s'il possède la technique, l'Homme reste inférieur à la Nature. C'est elle qui est cause de tout, y compris des Hommes. Lorsqu'ils fabriquent de l'artificiel, ils sont obligés pour cela d'utiliser des matériaux naturels, donc ils restent toujours soumis à celle-ci, puisque sans Nature, il n'y aurait plus ni de technique ni d'Homme. De plus, on ne peut changer que ce dont on est responsable, or, même si l'espèce humaine est responsable de tout ce qui n'est pas naturel, les générations présentes ne sont pas responsables des actes commis par les générations antérieures. Enfin, seule la mobilisation collective peut permettre d'agir, un homme seul n'arriverait à rien. Or, de moins en moins d'Hommes ont la volonté de changer les choses, et c'est justement les personnes qui bénéficient du plus de pouvoir et qui seraient les plus capables de changer le monde, qui paradoxalement en ont le moins envie. Prenons pour exemple le cas des inégalités entre les pays du Nord et les pays du Sud : ce sont les pays du Nord qui pourraient les faire cesser, mais ce sont aussi eux qui ont intérêt à les faire perdurer, car ils en profitent. Ainsi, il pourrait être possible de changer le monde, mais les Hommes, de par leur nature corrompue , cupide, et de par leur division, sont incapables de réaliser des changements durables bénéfiques pour tous.
Dans ce cas, devons-nous changer nos désirs au lieu de changer le monde ? On peut partir du principe que, si nous devenions capables de nous satisfaire de ce que nous avons, au lieu de chercher à le modifier, nous serions plus satisfaits. Ne plus désirer l'impossible nous rendrait notre liberté, qui est pour le moment bridée par nos désirs. Ainsi, pour Epictète, on est libre quand on ne désire que ce qui ne dépend que de nous, donc quand on vit l'instant présent au lieu de vouloir changer le monde. De plus, changer ses désirs est autrement plus réalisable que changer le monde. Cependant, changer ses désirs au lieu de changer le monde implique de renoncer à ses idéaux. Dès lors, comment vivre sous le poids de la culpabilité qu'on éprouverait pour avoir laissé tomber, pour avoir accepté les horreurs de notre monde dans un égoïste renoncement ? Il nous est peut-être, pour vivre en paix avec nous-même, nécessaire de continuer à croire que changer le monde est possible, car cette croyance nous pousse à agir. Même si notre action sera peut-être vaine, il faut tenter au cas où un jour notre entreprise aboutisse.
L'Homme n'est, de nos jours, pas capable de changer le monde. Cependant, se bercer d'illusions en s'imaginant avoir ce pouvoir n'est pas une mauvaise chose, car nos petits engagements à l'échelle des individus peuvent, sans totalement changer le monde, le rendre, sur certains points, un peu meilleur.
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