Carte Postale
Correspondance Adresse
7 septembre 1916
Ma chère femme, saches que je vais bien. Les mots ne peuvent décrire à quel point tu me manques, mais sois en sûre, je te reviendrai en chair et en os. Lise, n'oublies pas que notre petit Jean doit se laver les dents tous les soirs et être fier de son père. J'espère que Marie s'en sort bien à l'école et qu'elle va vite se trouver un petit amoureux. Soyez heureux et attendez sagement le retour de votre père. Philippe
Ma chérie écoutes-moi, je te prie de cacher cette partie à nos enfants. Comme tu te doutes je ne peux te promettre de revenir sain et sauf, c'est pourquoi il va falloir que tu envisages de gérer tout toute seule. J'ai bien conscience du fardeau que je laisse derrière mon sillage, mais si je déserte on me tuerait sans hésiter. Bien, il faut que je te dise que l'on a subit une attaque, plusieurs de mes hommes y sont restés. Bon dieu, les boches ne reculent devant rien, c'est insoutenable. Hier, ils ont fait exploser le tunnel de Tavannes et ils ne s'arrêteront pas là... Selon mes supérieurs on devrait contre-attaquer dans à peu près un mois. Je suis pétrifié à l'idée de voir toutes ces âmes périr si futilement, je ne peux m'empêcher de me dire que cela va être mon tour, que mon heure a sonnée. J'en vois même certains se mutiler pour bénéficier d'un retour vers l'arrière et être tranquille. Tandis que nous dans les tranchées, nous sommes rongés par les éclats des obus qui explosent et tuent autour de nous. Enfin, le niveau sanitaire est déplorable, nous mangeons, buvons et dormons dans la boue, tout en étant accompagnés par des rats. J'espère que tout cela va bientôt finir, sinon je vais commencer à perdre raison.
N'oublies jamais que je t'aime et que je t'aimerai toujours, ton mari qui t'aime très très fort.
