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Sagot :
Réponse :
le récit nous donne l'impression que nous vivons l'événement comme fatou. Nous avons accès à ses réactions, à ses pensées, à ses sentiments.
le texte est donc à dominante : focalisation interne.
Explications :
« Il était une fois, un pays où on arrivait après un long voyage, un pays où on arrivait quand on avait tout oublié, quand on ne savait même plus qui on était… »
La voix de grand-mère Aurelia résonnait encore sur la mer. Dans le creux dur de la couchette, avec la vibration des machines dans son corps, Fintan écoutait la voix qui parlait toute seule, qui cherchait à retenir le fil de l’autre vie. Déjà il avait mal d’oublier. « Je le déteste, je le déteste. Je ne veux pas partir, je ne veux pas aller là-bas. Je le déteste, il n’est pas mon père ! » Les membrures du bateau craquaient à chaque vague. Fintan essayait d’entendre la respiration tranquille de sa mère. Il chuchotait fort : « Maou ! Maou ! » Et comme elle ne répondait pas, il se glissait hors de la couchette. La cabiné était éclairée par un jour au-dessus de la porte, six fentes verticales. Il y avait une ampoule électrique juste de l’autre côté, dans le couloir. Tandis qu’il se déplaçait, il voyait le firmament briller à travers chaque fente. C’était une cabine intérieure, sans hublot, ils n’avaient pas les moyens. L’air était gris, étouffant et humide. Les yeux grand ouverts, Fintan cherchait à voir la silhouette de sa mère, endormie sur l’autre couchette, emportée, elle aussi, à l’envers sur l’océan en mouvement. Les membrures craquaient dans le travail de la houle, qui poussait, retenait, poussait encore. Fintan avait les yeux pleins de larmes, sans trop savoir pourquoi. Il avait mal au centre de son corps, là où la mémoire se défaisait, s’effaçait. « Je ne veux pas aller en Afrique. » Il n’avait jamais dit cela à Maou, ni à grand-mère Aurelia, ni à personne. Au contraire, il l’avait voulu très fort, ça l’avait brûlé, il ne pouvait plus dormir, à Marseille, dans le petit appartement de grand-mère Aurelia. Ça l’avait brûlé et enfiévré, dans le train qui roulait vers Bordeaux. Il ne voulait plus entendre de voix, ni voir de visages. Il fallait fermer ses yeux, boucher ses oreilles, pour que tout soit facile. Il voulait être quelqu’un d’autre, quelqu’un de fort, qui ne parle pas, qui ne pleure pas, qui n’a pas le cœur qui bat ni le ventre qui fait mal.
Les souvenirs douloureux
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