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Sagot :
Marcovaldo est manœuvre. Il vit, avec sa femme et ses six enfants, dans une grande ville d'Italie du Nord. Un citadin parmi d'autres. Mais lui, est différent. La publicité, le néon, la circulation, il ne les voit pas. Par contre, la moindre manifestation de la nature accroche son regard. Mais a-t-il certains sens atrophiés, ou la nature s'est-elle changée en venant en ville? Marcovaldo n'arrive pas à retrouver cette nature, si saine, si pure dont il garde le souvenir. Elle est retors cette nature, surtout en ville ! Marcovaldo l'apprend en vivant une suite d'aventures inattendues et souvent drôles évoquant un Charlot père de famille, en butte aux complexités de notre vie post-industrielle .
Autre quatrième de couverture:
Marcovaldo est manœuvre. Il est pauvre et chargé de famille. Mais il rêve beaucoup. À la nature, surtout, qui n'est guère présente dans l'univers d'asphalte et de béton où il lui faut vivre. Cela lui vaudra une suite d'aventures et de mésaventures, où on le verra successivement cueillir des champignons à l'arrêt du tram, prendre un bien curieux bain de sable, s'amouracher d'une plante d'appartement singulièrement envahissante, être amené - par un chat dont il est l'ami et, accessoirement, par une truite - à rencontrer une étrange vieille marquise, et faire bien d'autres choses encore. On pourrait dire de Marcovaldo que c'est un Charlot père de famille.
Marcovaldo assoupit. C'est un personnage aussi insignifiant que la plupart d'entre nous. Comme la majorité des hommes qui subissent leur vie, qui croient choisir leur parcours avant de se rendre compte qu'ils ont été victimes de leur précipitation ou de leur ignorance, il se retrouve marié à une femme acariâtre et volcanique, père d'une ribambelle d'enfants qui dévorent son énergie sans pitié aucune. Il travaille pour gagner sa vie, sans autre ambition, et ramène au foyer une paie qui sustente à peine les besoins des gamins et de l'épouse. Pas de quoi être fier -Marcovaldo se rabaisse à la moindre occasion, lorsque ce ne sont pas les siens qui le diminuent d'une pique innocente. Pas de quoi être aimable -cela fait longtemps que Marcovaldo n'a plus été proche ni de sa femme, ni de ses enfants, ni de n'importe quel autre humain. Pas de quoi être grand -Marcovaldo a toujours été un microbe et il le restera jusqu'à la fin de ses jours. Marcovaldo pourrait ne pas exister : jusque dans l'écriture, il se contente de relater des faits insignifiants en usant d'un langage à la platitude monolithique. Et pourtant, Marcovaldo se donne le droit d'exister.
Ce droit se manifeste visuellement à travers le découpage du livre en plusieurs chapitres. Marcovaldo extraie de son quotidien quelques scènes qu'il classe chronologiquement. On retrouve la minutie des lecteurs d'almanachs : ce n'est pas la date exacte qui intéresse Marcovaldo mais la temporalité saisonnière : été, automne, hiver, printemps, on recommence. Cette succession véhicule déjà une certaine conception cyclique de l'existence frappée par la répétition du même, ne présentant aucun relief à sa surface.
Marcovaldo devrait être anéanti par son impuissance. Nous-mêmes le sommes d'ailleurs lors de la première rencontre. Mais Marcovaldo se fiche de vouloir être bon ou grand. Il se contente de vivre, même si cela n'a aucun sens. Et parce qu'il n'attend rien, il trouve beaucoup. En se rendant en ville, il découvre que des champignons ont poussé près de son arrêt de bus ; sa pause déjeuner est métamorphosée par l'usage d'une gamelle en plastique ; ses soirées familiales prennent une tournure fantasmagorique lorsque le pouvoir de la Lune entre en lutte contre le pouvoir lumineux des panneaux publicitaires ; et il ne faut rien de plus qu'une sortie au supermarché pour découvrir l'existence de lois officieuses que le monde ordinaire ne déclame pas. Il faut avouer que la plupart de ces historiettes ont une saveur négligeable. Elles captent si peu l'attention qu'elles laissent le lecteur libre de vagabonder à son gré dans son propre et quelconque intérieur. Pour quelques-unes d'entre elles, pourtant, la transcendance opère : Marcovaldo devient l'initiateur d'une alchimie qui transforme la banalité en poésie surréaliste, particulièrement lorsqu'il donne la parole et le geste aux animaux et aux végétaux. Qu'il s'agisse d'un chat, d'un lapin ou d'une plante, Marcovaldo parvient à les rendre plus humains que son entourage de bipèdes -peut-être parce qu'il tient d'ailleurs davantage de la faune que de l'humanité.
Ce texte n'est pas de moi mais du site babelio.
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