Réponse :
Cela faisait plusieurs semaines que le nouveau gouvernement durcissait encore et encore les lois. Petit à petit, on nous privait de nos libertés, une à une. Heureusement, il me restait encore une bulle de bonheur. Léo. J'avais fait sa rencontre quelques semaines auparavant, et rapidement, nous étions devenus inséparables. Il ne le savait pas encore, mais je m'apprêtais à lui avouer mes sentiments, sûre qu'ils devaient être partagés.
Un lundi soir - je m'en souviendrais toute ma vie - je venais de rentrer du collège (désormais, nous devions être rentrés tous à 17h, avec interdiction de regarder autre chose que la chaîne d'information officielle à la télévision). Nous étions attablés avec mes parents, autour d'un maigre goûter (ils avaient interdit deux semaines auparavant toute consommation de produits trop sucrés, la pâte à tartiner aux noisettes avait donc disparu des rayons des supermarchés).
Je me souviens parfaitement de la bannière annonçant un "flash info spécial" et une allocution de notre dirigeante. Je me souviens de sa silhouette guindée dans son tailleur pourpre. Je me souviens surtout de ses mots. "Désormais, l'amour est interdit, spécifiquement dans le cas de couples non mariés. Tout manquement à la règle sera sanctionné, et durement : l'incarcération sera immédiate. La délation est encouragée. Tout renseignement sera récompensé d'une prime de 100 dollars".
Je tombais de ma chaise, abasourdie, sidérée. Ce n'était pas possible. Et Léo ?? Comment peut-t-on interdire l'amour ?
"Toute preuve d'amour sera considérée comme étant une menace au régime en place. Tout amoureux deviendra criminel."
Ignorant les cris de mes parents et l'interdiction de sortir, je m'élançai hors de l'appartement, dévalai les escaliers. Je ne prêtai aucune attention aux militaires patrouillant dans les rues. Je courai à en perdre haleine. Enfin, j'atteignis mon but. La petite maison familiale de Léo.
Je tambourinai à la porte.
Ce fut lui qui m'ouvrit.
"Léo, il faut que je te le dise, maintenant, tout de suite, ou ce sera trop tard. Je t'aime, et je ne peux m'en cacher."
Il me toisa longuement avant de saisir son téléphone.
"Allo, police ? Oui, je suis face à une hors-la-loi. Venez vite. 13 allée Verlaine".
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