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Sagot :
Réponse : bonjour
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I – Une écriture soucieuse de la réalité
II – La force de la réalité
III – Aliénation, conditionnement et souffrance de la femme
Analyse
I – Une écriture soucieuse de la réalité
L’écriture d’Annie Ernaux est facile d’accès, simple, ouverte à tous mais singulière par son vocabulaire familier et son style oral. On peut à cet égard citer « paumée », « bouffe », « comme nous sommes sérieux et fragiles, l’image attendrissante du jeune coupe moderno-intellectuel. Style très libre parfois peu soucieux du respect grammatical. Une écriture réaliste, toujours en reflet du réel qu’elle tente de décrire de manière très détaillée et parlante, sans effet de style, parfois brutale et trop familière. Ce qui domine sont les soucis du détail, du concret.
II – La force de la réalité
La réalité est la toile de l’histoire, le quotidien a une place essentielle ainsi que le suggère l’énumération « patates, la bouffe, petits pois cramés ». Les jeunes étudiants sont englués dans la force du quotidien et poids des contraintes que cela suppose. Beaucoup de détails sont consacrés aux descriptifs culinaires et domestiques comme par exemple, « l’aspirateur », « les courses », « des œufs, des pâtes, des endives, toute la bouffe ». Les études elles-mêmes sont soumises au rythme des obligations et des contraintes domestiques, « vite le supermarché va fermer », « les études par petits bouts ». La réalité est dépeinte comme envahissante, trop prenante, étouffante au point d’avaler les idéaux d’égalité du couple « moderno-intellectuel ». Ils offrent « une image attendrissante », sont pleins d’idéaux mais en même temps sont mangés par un quotidien trop banalisé et trop lourd à gérer. L’homme et la femme sont des intellectuels engagés dans leurs idéaux mais la femme semble davantage appuyée et revendiquée chez la femme, on le voit par les paroles et les pensées du mari « le discours de l’égalité », « il souhaite », « il m’encourage », « il me dit et me répète », « intellectuellement, il est pour ma liberté ». Mais la réalité s’impose toujours plus « le réel c’est ça, un homme et qui bouffe », elle met fin aux rêves d’égalité et aliène la femme à ses tâches de subsistance, d’organisation, de cuisine… La différence entre homme et femme transparaît de manière brutale et injuste car le rôle de la femme vient casser l’idéal d’égalité. « Au nom de quelle supériorité », l’homme prône un idéal d’égalité mais dans les faits attend de la femme qu’elle cuisine et le serve, s’occupe de la maison et gère les courses.
III – Aliénation, conditionnement et souffrance de la femme
L’idéal des jeunes étudiants, « ce jeune coupe moderno-intellectuel », est celui de l’égalité ainsi que le suggère le champ lexical, « ensemble », « la même pièce », « unis », « pareils », « la ressemblance ». L’égalité est revendiquée au niveau intellectuel « on a parlé ensemble de Dostoievski », égalité dans le travail « il souhaite que je réussisse au concours », dans les études « que je me réalise comme lui » ainsi que dans le partage des tâches ménagères « il a horreur des femmes popotes ». Un idéal bien ancré dans l’esprit des jeunes gens semble guidé leurs paroles et leurs actes. Un idéal qui n’avait pas pris en compte l’idée que ni l’un ni l’autre n’était capable de gérer la charge du quotidien « je ne savais pas plus que lui préparer un repas ».
Bilan : « Au nom de quelle supériorité » ? Impression d’être trahie, désarroi, culpabilisation, voici les étapes, les états d’esprit traversés dans l’aliénation. Au lieu de se révolter, la femme calque au modèle conjugal de la société. Elle se discrédite, renie ses premières aspirations, ses valeurs et substitue des épluchages de patates aux heures d’étude qu’elle doit sacrifier pour son mari. Le quotidien prend le dessus. Renoncements, elle est prisonnière du modèle de vie qu’elle cherchait à fuir. Elle finit par perdre le goût des études « mes buts d’avant se perdent dans un flou étrange », « pour la première fois j’envisage un échec avec indifférence ». Elle sacrifie ses études, elle n’écrit plus. Elle se sent « s’engluer », se diluer, elle est aux prises d’une machine, celle du quotidien qui lui dicte ses actes et la marche à suivre jour après jour.
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