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Sagot :
Bonjour
Selon Kant, la moralité d'une action vient du principe qui commande cette action. L'homme est digne d'être heureux lorsqu'il s'agit d'un principe moral qui commande la recherche du bonheur: celle-ci est considérée comme un devoir aux yeux du sujet; Car lorsque le sujet voit dans le bonheur un devoir, il ne le prend pas pour fin mais comme un moyen: le bonheur n'est pas le but de toute action comme le préconise l'eudémonisme mais comme un moyen d'accéder à une humanité plus grande, à devenir digne de ce bonheur en obéissant au devoir envers autrui sans tenir compte de ses désirs grâce à sa volonté. Ainsi, Kant donne pour impératif pratique "Agis de telle sorte que tu traites l'humanité comme une fin et jamais simplement comme un moyen".
La disposition morale, c'est-à-dire le principe de devoir et de raison rend digne d'être heureux et ainsi d'accéder au bonheur. A l'inverse, la perspective du bonheur, c'est-à-dire le bonheur comme une fin, ne rend pas possible la disposition morale car il écarte toute notion de devoir envers autrui et ne vise qu'à satisfaire ses propres inclinations. L'individu se forge une loi morale qui lui est propre, faite sur mesure selon ses inclinations (ses désirs et ses souffrances) Epicure considère que vertu et valeur morale sont étroitement liées au plaisir: le plaisir est considéré comme l'absence de souffrance. La vertu apporte le bonheur grâce à la sagesse: en ayant une vie mesurée et en se suffisant à soi-même, le bonheur peut être atteint mais en revanche, le bonheur permet d'atteindre la vertu de la sagesse et la moralité car "les vertus, en effet ne sont que des suites naturelles et nécessaires de la vie agréable" Lettre à Ménécée Il est difficile de concevoir qu'un homme sans domicile fixe dont aucune inclination n'est satisfaite puisse être vertueux et vivre avec sagesse, honnêteté et justice. La morale n'est alors pas forcément suivie car ses désirs naturels nécessaires ne sont même pas assouvis.
La conception de Spinoza est elle-même différente: dans L'Ethique, V, prop. XLII Spinoza écrit "La Béatitude n'est pas la récompense de la vertu, mais la vertu, elle-même; et nous n'en éprouvons pas de la joie, parce que nous réprimons nos penchants; au contraire c'est parce que nous en éprouvons de la joie que nous pouvons réprimer nos penchants "Comme pour Epicure, du bonheur peut naître une gestion de ses inclinations mais ce ne sont pas pour les mêmes raisons: ici la béatitude naît de l'Amour intellectuel de Dieu, qui fait éprouver de la joie à l'esprit et qui augmente ainsi la puissance de l'entendement, seule à pouvoir réprimer les penchants. En conséquence, ce n'est pas en réprimant ses désirs que l'individu peut atteindre la béatitude puisque sans la béatitude, l'entendement n'est pas assez puissant pour ne pas tenir compte de ses désirs. Il ne s'agit plus d'une relation à double sens comme le considère Epicure. Le bonheur est alors considéré comme un apport de la sagesse mais la sagesse et la vertu ne peuvent pas aboutir au bonheur car la béatitude n'est pas la récompense de la vertu mais, puisqu'elle permet de ne pas s'incliner face à ses désirs, elle est la vertu même.
Le bonheur est donc une valeur morale recherchée selon la doctrine eudémoniste à partir de principes moraux individuels, qui visent à faire du bonheur la finalité de toute action. Kant rompt avec cette doctrine et complète une morale chrétienne qui voit dans le bonheur non pas une fin mais un moyen pour atteindre la sagesse et la valeur morale. Celle-ci repose ainsi sur le droit d'être heureux en échange d'un devoir moral envers autrui. Le bonheur n'est alors pas l'objectif d'une vie moralement justifiée mais la possibilité d'une vie moralement justifiée. Il permet de connaître les causes qui satisfont les inclinations grâce à aux expériences individuelles ou grâce à l'amour de Dieu qui renforce l'entendement pour permettre d'user de la raison en ayant souci de l'intérêt d'autrui et de soi et de la volonté pour réprimer ses désirs.
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