Après avoir regardé Lou s'éloigner, No se retourne et part sans un regard en arrière. Elle marche, dix, quinze, vingts, trente mètres. C'est là qu'elle aperçoit George, l'ancien policier au chomage. Après avoir perdu son boulot, George n'a pas pu continuer à payer le loyer de chez lui, et vit à la rue avec sa fille de huit ans, Emy. C'est un homme bon et gentil de nature. No, accélérant le pas, se retrouve bien vite à ses cotés.
— Eh bien, No, que t'arrive-t-il ? Tu as l'air toute chamboulée, fait George en posant la main sur l'épaule de sa jeune amie.
— Il y a une étudiante, de seconde je crois qu'elle m'a dit. Elle m'a dit qu'elle fait un exposé sur les sans-abris. Elle a voulu me poser des questions, ajoute-t-elle, l'air excédé.
George rit et l'encourage à se confier. Alors No lui raconte tout :
— Au début, je suis restée calme, mais, comme tu sais que je m'emballe vite, je me suis enflammée, et j'ai bien vu que ça l'avait surprise, la fille ! J'étais à la fois en colère et incendiaire, enfin, je sais pas si tu vois ce que je veux dire...
— Je te connais, No. Tu as encore été toi, passionée et tout ça ! lance George en riant.
— C'est un peu ça, s'esclaffe No. Enfin bref, je lui ai tout déballé, la déconsidération que les gens portent sur nous qui m'insupporte, la galère pour trouver un endroit à dormir,... Je lui ai raconté tout, le quotidien d'une personne comme nous,...
Après sa tirade, No changea de sujet.
