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Sagot :
Invasion
Pour les civils, l’invasion constitue un moment de particulière vulnérabilité.
Exécutions, viols, prises d’otages s’accompagnent de pillages et de saccages, les atteintes aux personnes et aux objets s’inscrivant dans une étroite continuité.
Sur tous les fronts de la Grande Guerre, les populations civiles se sont vues exposées à cette violence d’invasion.
Dans la petite localité belge de Dinant, les exécutions de masse et l’emploi des civils comme boucliers humains entraînent le décès de 674 personnes, soit 10% de la population totale. La destruction des bâtiments publics, des archives et des richesses artistiques accompagne l’anéantissement presque total de la ville.
Au total, entre août et octobre 1914, 6 500 civils belges et français sont exécutés et 20 000 immeubles détruits.
Bombardement
[...] La marque laissée dans les mémoires individuelles et collectives par l’expérience du bombardement des lieux de vie des civils, et singulièrement de ces lieux centraux, matériellement et imaginairement, que sont les villes, est en effet particulièrement forte.
Pendant la Grande Guerre, le passage à la guerre de position tend à limiter le débordement sur les civils de la violence de combat. Mais là aussi, la radicalisation de l’activité guerrière induit une porosité croissante comme en témoignent l’intensité et la nature des dommages subis par l’arrière-front.
Aux destructions strictement liées aux opérations militaires s’ajoutent en effet des dévastations visant non seulement à gêner les troupes adverses, mais aussi à interdire une reprise rapide de la vie civile : lors du retrait stratégique allemand de février 1917, les routes sont rendues impraticables, les maisons inhabitables, les puits souillés, mais les villages aussi sont systématiquement incendiés, les établissements artisanaux et industriels anéantis, les instruments agricoles détruits ; même les arbres fruitiers des jardins n’échappent pas à la destruction systématique.
Les bombardements d’artillerie à longue distance et les premières attaques aériennes tendent également à altérer les distinctions spatiales entre espace de combat et espace civil. Les canons lourds qui bombardent Paris du 23 mars au 9 août 1918 font 256 victimes et 625 blessés, alors que les bombardements, par zeppelin dès 1914, puis par avion, font 267 morts et 602 blessés. Au printemps 1917, les premiers bombardiers de l’armée allemande conduisent des raids contre les quartiers industriels de Londres. Les pertes totales demeurent limitées (1 414 morts et 3 416 blessés parmi les civils britanniques). Elles témoignent cependant d’un franchissement de seuil décisif, perçu comme tel par les contemporains. [...]
Séparation, solitude et deuil
Aux privations qui mettent en jeu les corps s’ajoutent les épreuves affectives. Conséquences de la mobilisation des hommes, et des immenses mouvements de populations que connaissent les pays en guerre, les séparations forcées affectent les couples mais également les familles et, aussi directement peut-être, les cercles d’amis et de collègues : elles concernent au fond tout le tissu social et affectif.
Ces séparations alimentent souvent une souffrance qui, tout en demeurant personnelle, est aussi une expérience partagée au sein des sociétés en guerre.
L’absence des proches prive de ce soutien, matériel et affectif, qui pourrait aider à affronter les privations, les dangers du temps de guerre. Elle signifie aussi parfois que l’on meurt seul ou qu’on est absent lors de l’agonie d’un être cher.
Ces peines-là, dans leur banalité, sont d’autant plus indicibles qu’elles fragilisent l’économie morale de la mobilisation patriotique, pourtant si nécessaire pour affronter les deuils alors très nombreux.
La guerre au XXe siècle fait en effet traverser aux sociétés et aux individus l’expérience de la mort de masse. L’attente anxieuse devient alors une composante essentielle de l’expérience des individus et constitue un des traits profonds de la vie des communautés en guerre.
Pendant la Grande Guerre, la communauté de guerre est ainsi fondée sur l’épreuve partagée de la perte des hommes au front. En 1918, l’Allemagne compte 525 000 veuves de guerre et plus de un million d’orphelins. Les 722 785 morts britanniques laissaient ainsi derrière eux 345 000 orphelins et 193 000 veuves. Et peut-être 3 millions d’endeuillés directs : ces parents, ces frères et sœurs dont nul mot ne vient désigner l’état. Or, la forte surmortalité des cohortes d’hommes les plus jeunes fait que les fratries ont été particulièrement touchées.
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