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Sagot :
Bonjour
Toutes les inégalités ne sont pas injustes. Seules le sont celles qui ne donnent pas à tous les mêmes chances, au départ, d’accéder aux conditions sociales les plus prisées. Comment est-il cependant possible d’assurer une stricte égalité des chances s’il y a une inégalité de départ, qu’elle soit naturelle ou sociale ? Qui pourrait nier le fait qu’un enfant né dans un milieu socialement défavorisé aura moins de chances qu’un enfant né dans un milieu socialement favorisé d’accéder à un bon statut social ? Le rôle de la justice, entendue cette fois comme justice positive, comme rôle de l’État, est précisément d’apporter un correctif aux inégalités de départ, qui sont injustes parce que non fondées, pour faire en sorte que tout le monde parte avec les mêmes chances de réussite sociale. Partir avec les mêmes chances ne signifie cependant pas que tout le monde ait les mêmes qualités. Vouloir uniformiser tout le monde relève moins de la justice que du totalitarisme. Cela consisterait en effet à gommer les individualités, à empêcher chacun d’être lui-même, avec ses qualités et ses défauts, et aurait pour conséquence de se priver de talents. Il ne paraît pas injuste de marquer sa reconnaissance à quelqu’un qui, par son talent, rend de grands services à la société et qui, par la reconnaissance qu’on lui accorde, peut servir de modèle à tous les autres.
Toutes les inégalités ne sont donc pas des injustices. Il y a au contraire des égalités qui sont des injustices. La justice ne consiste pas, en effet, à donner la même chose à tout le monde (égalité arithmétique), mais à donner les mêmes chances à chacun au départ, puis à chacun selon son mérite (égalité géométrique). Pour qu’il y ait justice, il faut une égalité de droits, et en particulier une égalité des chances, mais aussi une inégalité de fait, de statuts, due au mérite inégal de chacun et à la contribution inégale de chacun à la société. Reste la difficulté à mesurer cette contribution et à déterminer la rétribution qu’elle mérite.
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