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Sagot :
Bonjour
Le déterminisme est apparu à un grand nombre de philosophes comme un concept excluant la liberté : ils ont vu une opposition entre déterminisme et liberté. Et il faut reconnaître que cette opposition "apparaît" spontanément quand nous pensons aux idées de déterminisme et de liberté. Il convient donc de se réjouir, si nous avons su surmonter cette difficulté, mais surtout de comprendre pourquoi une telle difficulté est apparue, pourquoi on a cru que déterminisme et liberté s’opposaient. Si nous nous sentons libres bien que le monde soit déterminé, c’est parce que nous sommes aveugles à nous-mêmes : nous ne nous sentons pas. La volonté ne se sent pas elle-même – en tout cas pas comme un entrave. On ignore les causes qui déterminent nos désirs, disait Spinoza : c’est-à-dire qu’on s’ignore soi-même. Bref, le moi ne sent pas le moi. Le cas de la volonté est donc similaire au cas de la connaissance : de la même manière que le sujet connaissant ne peut se connaître lui-même, c’est-à-dire qu’il n’apparaît pas dans son propre champ visuel comme objet de connaissance, de même le moi voulant ne se ressent pas lui-même comme une entrave, ’est-à-dire qu’il n’apparaît pas dans son propre champ de volonté comme "entrave" ou "contrainte". A chaque fois, le sujet est la source d’un certain "champ", et par conséquent il reste hors champ, en dehors du champ. "Rien dans le champ visuel ne nous dit qu’il doit être vu par un œil", écrivait Wittgenstein. Les conditions d’un ordre donné n’apparaissent pas dans cet ordre.
Il existe un rapport intime entre la liberté et la mort. Pour Sénèque et les Stoïciens, seul celui qui est prêt à mourir peut être libre. Pour Hegel, c’est le fait de risquer la mort dans le conflit (entre le maître et l’esclave) qui est la preuve de la liberté humaine. Pour Heidegger, on retrouve l’idée d’un lien intime entre la liberté et la mort : il n’y a que dans l’"être-vers-la-mort", c’est-à-dire la conscience angoissée de notre propre mort, que nous pouvons exister authentiquement et donc être libres. Car c’est seulement dans ce mode d’être que nous prenons conscience de ce qu’est la vie, de ce qu’est la possibilité, de ce que sont nos décisions : nous ne voyons vraiment les choses que sur fond d’absolu, en quelque sorte. L’être ne se découpe que sur fond de néant.
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