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Sagot :
Il existait avant Socrate des individus réputés pour être sages (sophoi), faisant preuve de sophia (c’est-à-dire de sagesse, de savoir, ou de savoir-faire)[35],[Note 19]. Ces sages, maîtres de vérité ou de sagesse, représentent une sorte d'aristocratie, tandis que les sophistes, qui affirment pouvoir enseigner le savoir à tous contre paiement, sont le versant démocratique de la sagesse. En s'opposant aux uns et aux autres, Socrate est le premier philosophe (philosophos), tel que le définit pour la première fois Platon dans le Banquet, c'est-à-dire celui qui est non sage, mais qui désire (philein) la sagesse, sachant qu’il ne l'a pas. Individu inclassable, il provoque chez les autres le bouleversement de soi-même d’une façon irrationnelle. Cette remise en question de l’individualité se trouve dépassée dans le dialogue entre un individu et un autre, dialogue fondé sur la raison, pour atteindre l’universalité[36],[37]. Par la suite, pour toutes les écoles philosophiques de l'Antiquité, la figure du sage est avant tout un idéal. Et toutes, à l'exception de l'épicurisme, s'accordent pour reconnaître que Socrate, celui qui ignore qu'il est sage, est une incarnation de cet idéal[38].
Par la suite, une tradition a fait de Thalès de Milet le « premier philosophe », tandis qu'une autre tradition, remontant à Platon, Xénophon et Aristote, fait de Socrate le « père de la philosophie ». Thalès serait le premier à attribuer aux phénomènes naturels des causes matérielles et non surnaturelles, alors que Socrate serait le premier à consacrer la réflexion philosophique aux affaires humaines, et non plus à l'étude de la nature. Cette tradition en vigueur chez les Anciens d'un Socrate comme père de la philosophie est à l’origine chez les Modernes de la désignation des philosophes qui l'ont précédé (ou qui sont parfois ses contemporains) comme « présocratiques ». Elle est aussi à l'origine de l'idée selon laquelle Socrate est le « fondateur de la science morale »[Note 20]. Mais c'est surtout l'exemplarité de sa vie et de sa mort au service de la philosophie qui en fait le père de celle-ci[39].
L'idée du cosmopolitisme est attribuée à Socrate par Plutarque[40] : l'idée de patrie lui serait étrangère, même si Socrate a toujours gardé une tendresse pour sa ville natale.
Socrate et les sophistes Modifier
Les sophistes se placent sans doute dans la continuité de l'école éléatique. En effet, pour l'éléate Parménide, il y a identité entre l'être et le discours. Mais pour Parménide, l'être a la primauté et c'est lui qui assure que le discours peut être vrai. Les sophistes traitent eux aussi du problème des rapports entre l'être et le discours, mais opèrent un renversement : c'est désormais le discours qui a la primauté. Ce qui conduit à deux positions sophistiques : celle de Gorgias, pour qui il n’y a pas d'être, et celle de Protagoras, pour qui n'importe quel discours peut donner une existence à n'importe quel être[41].
Socrate est en accord avec Parménide sur le fait qu'il existe un Être unique, existant indépendamment du discours et supérieur à lui. Mais il accorde cependant aux sophistes qu'il existe aussi une multitude d'autres êtres, qui peuvent se montrer illusoires et trompeurs, en relation avec le discours. Contrairement aux sophistes, Socrate est cependant le premier à penser que ces êtres existent aussi en dehors du discours, préservant ainsi la possibilité d'un discours vrai, qui ne varie pas en fonction de la subjectivité de chacun. Socrate est ainsi à l'origine en philosophie de la notion de concept, ouvrant par là le chemin aux idées platoniciennes[41].
Disciples et continuateurs Modifier
Parmi ses élèves, sept sont d'après Diogène Laërce considérés comme particulièrement importants. Ce sont Antisthène, Eschine de Sphettos, Platon, Xénophon, Euclide de Mégare, Aristippe de Cyrène et Phédon d'Élis. Tous, sauf peut-être Aristippe, ont écrit des dialogues socratiques. Ce sont des fictions littéraires dans lesquelles des sujets philosophiques font l'objet d'un débat « à la manière » de Socrate. Seuls nous sont parvenus en entier des dialogues de Platon, du Pseudo-Platon (anciennement attribués à Platon mais qui n'ont pas été écrits par lui) et de Xénophon[42].
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