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Sagot :
1Du verset 13 du livre de l’Exode, au chapitre XX, « tu ne tueras point » au célèbre « tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ! » prononcé au siège de Béziers en 1209 par le légat du pape, Arnaud Amauri, quelle évolution !
2Empruntons à Philippe Contamine1 une définition simple de la guerre sainte : une guerre menée par un pouvoir spirituel, ou pour ce pouvoir, à des fins religieuses. Le terme de jihad, que l’on traduit généralement par guerre sainte, signifie aussi effort sur soi, dépassement de soi et peut s’entendre dans une perspective guerrière comme nous allons le voir. Il présente deux aspects : le petit jihad, c’est-à-dire les expéditions guerrières, et le grand jihad, effort sur soi pour triompher de ses passions et s’améliorer de façon constante, préalable à l’instauration de la suprématie de l’islam dans le monde. Le devoir assigné à la communauté musulmane par la révélation et les paroles du Prophète est clairement énoncé : propager la parole de Dieu afin d’établir sur le monde l’ordre voulu par Lui au moyen de l’instrument par excellence qu’est le jihad.
3Malgré ses réticences, l’immense prestige de saint Augustin va contribuer à faire disparaître dans les mentalités les suspicions des chrétiens envers la guerre. Les invasions, en Orient comme en Occident, renforcent encore cette tendance et concourent à l’élaboration du concept de guerre sainte ; une notion qui puise ses racines dans l’Ancien Testament mais qui avait été fermement rejetée par Jésus et le christianisme primitif. Ce concept s’épanouit au XIe siècle. Nous sommes là au début d’un lent processus qui, de Constantin à Urbain II, se prolonge pendant près de huit siècles, transformant et altérant même la religion chrétienne. À la fin du XIe siècle, Urbain II prêche la croisade, expédition de guerre sainte prescrite aux chevaliers chrétiens en rémission de leurs péchés, destinée à reprendre par la force le Saint-Sépulcre de Jérusalem. Changement radical, révolution doctrinale en un millénaire alors que l’Islam ne connaît pas le même bouleversement. Cette différence résulte principalement de l’attitude fondamentalement opposée des deux fondateurs : si Mahomet ne répudie pas l’usage de la violence et accepte la guerre sainte (jihad), Jésus Christ la repousse avec détermination. La doctrine musulmane s’amplifie avec les successeurs du Prophète qui accomplissent des conquêtes territoriales au nom de la foi au cours des VIIIe et IXe siècles et au détriment des royaumes chrétiens. Il s’agit de savoir exactement comment on passe d’une condamnation de la violence à la sacralisation de cette même violence pour ce qui regarde le christianisme. De son côté, le statut de la violence sacrée dans l’islam est différent et sera considéré ici aussi dans une perspective chronologique, conduisant à une vive opposition avec le christianisme. Cette confrontation armée de la Chrétienté avec l’Islam n’est pas la seule cause de l’évolution de l’Église par rapport à la guerre. Le jihad n’a pas fait naître à lui seul la guerre sainte ; celle-ci commence dès le IVe siècle avec la justification par les théologiens de la guerre défensive qui est sacralisée aux VIIIe-IXe siècles. L’essor de la papauté et l’implication de l’Église dans la société féodale apportent de nouveaux éléments de sacralité2. La Reconquista espagnole et la lutte pour la papauté grégorienne donnent à cette guerre son aspect de guerre sainte. L’idée de croisade en découle et apparaît comme l’aboutissement doctrinal d’une évolution millénaire, rejoignant le jihad dans son degré de sacralisation à la fin du XIe siècle, où nous arrêtons notre étude comparative. Si les deux notions finalement se retrouvent, elles n’ont pas suivi le même processus d’élaboration comme notre exposé veut le démontrer. Cette approche parallèle illustre les enjeux souvent antithétiques mais fortement idéologiques qui occupent les deux groupes concernés et semble indiquer que la croisade se nourrit du jihad dans sa transformation en véritable guerre sainte. L’étude comparée de ces deux notions renvoie à la primauté du politique qui les unit davantage qu’il les distingue.
2Empruntons à Philippe Contamine1 une définition simple de la guerre sainte : une guerre menée par un pouvoir spirituel, ou pour ce pouvoir, à des fins religieuses. Le terme de jihad, que l’on traduit généralement par guerre sainte, signifie aussi effort sur soi, dépassement de soi et peut s’entendre dans une perspective guerrière comme nous allons le voir. Il présente deux aspects : le petit jihad, c’est-à-dire les expéditions guerrières, et le grand jihad, effort sur soi pour triompher de ses passions et s’améliorer de façon constante, préalable à l’instauration de la suprématie de l’islam dans le monde. Le devoir assigné à la communauté musulmane par la révélation et les paroles du Prophète est clairement énoncé : propager la parole de Dieu afin d’établir sur le monde l’ordre voulu par Lui au moyen de l’instrument par excellence qu’est le jihad.
3Malgré ses réticences, l’immense prestige de saint Augustin va contribuer à faire disparaître dans les mentalités les suspicions des chrétiens envers la guerre. Les invasions, en Orient comme en Occident, renforcent encore cette tendance et concourent à l’élaboration du concept de guerre sainte ; une notion qui puise ses racines dans l’Ancien Testament mais qui avait été fermement rejetée par Jésus et le christianisme primitif. Ce concept s’épanouit au XIe siècle. Nous sommes là au début d’un lent processus qui, de Constantin à Urbain II, se prolonge pendant près de huit siècles, transformant et altérant même la religion chrétienne. À la fin du XIe siècle, Urbain II prêche la croisade, expédition de guerre sainte prescrite aux chevaliers chrétiens en rémission de leurs péchés, destinée à reprendre par la force le Saint-Sépulcre de Jérusalem. Changement radical, révolution doctrinale en un millénaire alors que l’Islam ne connaît pas le même bouleversement. Cette différence résulte principalement de l’attitude fondamentalement opposée des deux fondateurs : si Mahomet ne répudie pas l’usage de la violence et accepte la guerre sainte (jihad), Jésus Christ la repousse avec détermination. La doctrine musulmane s’amplifie avec les successeurs du Prophète qui accomplissent des conquêtes territoriales au nom de la foi au cours des VIIIe et IXe siècles et au détriment des royaumes chrétiens. Il s’agit de savoir exactement comment on passe d’une condamnation de la violence à la sacralisation de cette même violence pour ce qui regarde le christianisme. De son côté, le statut de la violence sacrée dans l’islam est différent et sera considéré ici aussi dans une perspective chronologique, conduisant à une vive opposition avec le christianisme. Cette confrontation armée de la Chrétienté avec l’Islam n’est pas la seule cause de l’évolution de l’Église par rapport à la guerre. Le jihad n’a pas fait naître à lui seul la guerre sainte ; celle-ci commence dès le IVe siècle avec la justification par les théologiens de la guerre défensive qui est sacralisée aux VIIIe-IXe siècles. L’essor de la papauté et l’implication de l’Église dans la société féodale apportent de nouveaux éléments de sacralité2. La Reconquista espagnole et la lutte pour la papauté grégorienne donnent à cette guerre son aspect de guerre sainte. L’idée de croisade en découle et apparaît comme l’aboutissement doctrinal d’une évolution millénaire, rejoignant le jihad dans son degré de sacralisation à la fin du XIe siècle, où nous arrêtons notre étude comparative. Si les deux notions finalement se retrouvent, elles n’ont pas suivi le même processus d’élaboration comme notre exposé veut le démontrer. Cette approche parallèle illustre les enjeux souvent antithétiques mais fortement idéologiques qui occupent les deux groupes concernés et semble indiquer que la croisade se nourrit du jihad dans sa transformation en véritable guerre sainte. L’étude comparée de ces deux notions renvoie à la primauté du politique qui les unit davantage qu’il les distingue.
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