Bonjour
Un discours peut faire changer radicalement d’avis (ce qui n’est pas rien !) comme convaincre un malade qui refuse de se soigner de prendre tel traitement, convaincre un humaniste de partir en guerre, un aveugle de traverser. Le discours peut aussi paralyser par peur des représailles comme sous une dictature (Hitler était d’ailleurs connu pour ses talents d’orateur) et ainsi aliéner tout un peuple jusqu’au point de le rendre aveugle ou impassible face à l’horreur. La justesse des paroles d’un coache sportif peut déterminer l’issue d’un match et la justesse ou la pertinence du discours d’un psychanalyste peut déjouer une maladie d’origine psychosomatique. La parole joue avec notre esprit qui lui-même joue avec notre corps…
Il n’y a pas de parole sans pensée, ni pensée sans parole. Il n’y a pas de découvertes sans observations, d’observations sans pensée et donc de certitude sans parole. Un lien fort existe entre la pensée et la parole, l’une permettant à l’autre d’exister. Sa fécondité dépend de l’intuition selon Bergson d’autre ne parleront que d’intelligence. Nous ne sommes donc pas tous égaux face à la parole et donc face à la réflexion. Ces sophistes, plus séducteurs que maîtres du savoir devaient en être parfaitement conscients… On remarque dans certain cas que la parole ne sert à rien pour atteindre la vérité à l’instar des prisonniers de la caverne de Platon. Enchaînés depuis toujours et ne voyant que des ombres sur un mur, ces derniers pensent voir le monde sous leurs yeux mais il n’en est rien. Se détacher du monde sensible est leur seule porte de sortie pour toucher l’essence de toute chose. Cette image fait penser aux discours des sophistes emplis de marasme s’animant comme des lueurs sur un mur vide de vérité. La parole est notre force et notre malheur.
