Réponse :
Celui qui entre par hasard
Celui qui entre par hasard dans la demeure d'un poète
Ne sait pas que les meubles ont pouvoir sur lui
Que chaque nœud du bois renferme davantage
De cris d'oiseaux que tout le cœur de la forêt
II suffit qu'une lampe pose son cou de femme
A la tombée du soir contre un angle verni
Pour délivrer soudain mille peuples d'abeilles
Et l'odeur de pain frais des cerisiers fleuris
Car tel est le bonheur de cette solitude
Qu'une caresse toute plate de la main
Redonne à ces grands meubles noirs et taciturnes
La légèreté d'un arbre dans le matin.
René Guy Cadou
3) Présentation : extrait du recueil Hélène ou le règne végétal 1951
Poème de forme libre : pas de strophes, pas de rimes, pas de vers réguliers
4) René-Guy cadou est un poète mort très jeune à 31 ans. Il était instituteur et son recueil le plus célèbre est dédié à sa femme Hélène.
Le titre du recueil "Hélène ou le règne végétal" montre le rapport étroit que le poète entretient avec la nature.
L'originalité de ce poème est de montrer que la nature n'est pas seulement un paysage extérieur mais qu'elle fait partie de notre vie quotidienne et qu'elle entre dans nos maisons. Ainsi les arbres sont devenus meubles, les noeuds du bois se souviennent des oiseaux. Les reflets du soir parlent des abeilles. La vue, les odeurs sont sollicitées en permanence et par association d'idées le pain évoque des vergers de cerisiers . La nature qui est ainsi entrée dans la maison est rassurante, paisible, contribue au bonheur.
Ainsi, au creux de la maison, le poète convoque des sensations et par imagination, recrée des paysages.
