Réponse :
Je me baladais sur un boulevard - je ne me souviens plus lequel - quand soudain une femme passa devant moi. Son visage me rappelait quelqu'un, j'en étais certaine. N'osant pas l'aborder, de peur de passer pour une malpolie, je la fixais pour essayer de me souvenir qui me faisait songer à elle. J'étais plongée dans mes pensées lorsqu'elle s'arrêta net, plantée devant moi, et s'écria
- Jeanne !
En entendant mon prénom, je me redressais tout d'un coup, et regarda la femme dans les yeux.
- Jeanne, répéta-t-elle, d'une voix plus calme, quelle surprise !
Ne voyant toujours pas à qui j'avais affaire, malgré ses traits qui m'étaient familiers, je balbutiai :
- Madame... Euh... A qui ai-je l'honneur de...
- Voyons ! Tu ne te souviens pas de moi ?
Soudain, les souvenirs me submergèrent d'un coup. Je me souvins de qui étais cette femme, mon amie d'enfance, que j'avais perdue de vue depuis tant d'années.
- Ariane, m'exclamai-je à mon tour, comment vas-tu ? Ca fait si longtemps, je suis si heureuse de te revoir.
- Mon dieu, oui, je vais bien.
Ariane était à l'époque une enfant plutôt timide et discrète, qui ne se faisait jamais remarquée. C'était pour cela que je ne l'avais pas reconnue, elle s'était émancipée et ressemblait à présent à une baronne, ou à une grande dame. J'étais, je l'avoue, fort impressionnée.
- Quelle allure, dis-je pour résumer ma pensée.
- Merci, je viens de me marier, j'espère que tu pourras me rendre visite, je ne voudrais pas te perdre alors que je viens juste de te retrouver.
- Avec plaisir,
Elle me tendit une petite feuille cartonnée avec son nom et son adresse, écrits en lettres d'or. Elle s'éloigna de son pas de duchesse, tandis que je la regardais s'éloigner. Quand elle fut hors de vue, je partais à mon tour dans le sens opposé, la carte dans ma main.
En repensant à cette rencontre, j'allais à la terrasse d'un café, où je m'assis et commandai une boisson. Je me rémomorai alors tous les bons moments de mon enfance passés avec Ariane, je prévoyais déjà de passer la voir dans la semaine.
En quittant le café, je laissai un pourboir, et rentrai chez moi. Je fouillai alors dans ma poche pour noter le nom et l'adresse écrits sur la carte de visite. Mais dans ma poche, il n'y avait que le ticket de caisse froissé du café où je m'étais restaurée. Je regardai alors dans mon sac et mes autres poches, légèrement anxieuse. Malheureusement, la carte demeurait introuvable. Je finis par m'y faire, j'avais dû la perdre en rentrant chez moi.
Ariane était si étrange, je l'avais connue dans mon enfance, et à présent, elle était réapparue, brièvement, comme un spectre, au milieu de ma vie. Et elle avait de nouveau disparue.
