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«Les maillots qui grattent»,
extrait de Le voile noir (Anny Duperey)
En regardant des photographies, Anny Duperey cherche à retrouver les souvenirs de sa petite
enfance perdus à la suite d'un grave choc émotionnel : le décès accidentel de ses parents.

Oh ! Une réminiscence ! Un vague, très vague souvenir d'une sensation d'enfance : les
maillots tricotés main qui grattent lorsqu'ils sont mouillés... Ce n'est pas le plus agréable des
souvenirs mais qu'importe, c'en est au moins un.
Et je suis frappée de constater encore une fois, en regardant sur ces photos les vêtements

que nous portons ma mère et moi, que tout, absolument tout, à part nos chaussures et les
chapeaux de paille, était fait à la maison. Jusqu'aux maillots de bain.
Que d'attention, que d'heures de travail pour me vêtir ainsi de la tête aux pieds. Que
d'amour dans les mains qui prenaient mes mesures, tricotaient sans relâche. Est-ce pour me
consoler d'avoir perdu tout cela, pour me rassurer que je passai des années à fabriquer mes
propres vêtements, plus tard ?

Et puis qu'importe ces histoires de vêtements, de maniaquerie couturière, et qu'importe
cette vague réminiscence des maillots qui grattent, si fugitive que déjà je doute de l'avoir
retrouvée un instant... Ce qui me fascine sur cette photo, m'émeut aux larmes, c'est la main de
mon père sur ma jambe. La manière si tendre dont elle entoure mon genou, légère mais prête à
parer toute chute, et ma petite main à moi abandonnée sur son cou. Ces deux mains, l'une qui
soutient et l'autre qui se repose sur lui.
Après la photo il a dû resserrer son étreinte, m'amener à plier les genoux, j'ai dû me laisser
aller contre lui, confiante, et il a dû me faire descendre du bateau en disant « hop là ! », comme le
font tous les pères en emportant leur enfant dans leurs bras pour sauter un obstacle.
Nous avons dû gaiement rejoindre ma mère qui rangeait l'appareil photo et marcher tous
les trois sur la plage. J'ai dû vivre cela, oui...
La photo me dit qu'il faisait beau, qu'il y avait du vent dans mes cheveux, que la lumière
de la côte normande devait être magnifique ce jour-là>>
Et entre mes deux parents à moi, si naturellement et si complètement à moi pour quelque temps
encore, j'ai dû me plaindre des coquillages qui piquent les pieds, comme le font tous les enfants
ignorants de leurs richesses.

Quel genre littéraire appartient ce texte, en justifient ​

Sagot :

Réponse:

le genre littéraire qu'appartient ce texte est le genre narratif car elle raconte son histoire ( autobiographie). on a la présence du pronom personnel " je ".

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